Le gouvernement a rendu publique une synthèse des informations recueillies par les services de renseignement français prouvant, selon Paris, que le régime syrien a bien utilisé l’arme chimique le 21 août et dans plusieurs autres attaques chimiques.
Ces éléments, qui relevaient du « secret défense », ont été exceptionnellement déclassifiés pour informer le public et le Parlement. La synthèse a d’abord été présentée aux responsables politiques réunis par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à Matignon, avant d’être mise en ligne.
Existence de stocks de sarin
« La Syrie détient l’un des plus importants stocks opérationnels au monde d’armes chimiques, dans le cadre d’un programme ancien et diversifié qui fait depuis longtemps l’objet d’une surveillance des services français et de nos principaux partenaires », indique ce document. Damas détiendrait plus de 1 000 tonnes d’agents chimiques dont « plusieurs centaines de tonnes d’hypérite stockée sous forme finale », plusieurs dizaines de tonnes de VX (« le plus toxique des agents de guerre chimique connus ») et « plusieurs centaines de tonnes de sarin, qui constituent l’essentiel du stock ».
Cette synthèse souligne par ailleurs que « dans les combats engagés contre l’opposition au régime du Président Assad, Damas a déjà employé de telles armes, notamment du sarin, dans des attaques limitées contre sa propre population, en particulier au mois d’avril 2013 ». Les services français estiment que « le 21 août 2012, le régime syrien a lancé une attaque sur certains quartiers de la banlieue de Damas tenus par les unités de l’opposition ». Le type de toxique utilisé n’est pas précisé.
Sur la base d’une analyse technique méthodique de 47 vidéos originales dont 6 sont mises en ligne sur le site du ministère de la Défense, « un premier décompte, quartier par quartier, du nombre des victimes a été réalisé », explique le gouvernement. Au vu de ce seul échantillon « au moins 281 décès » dans la Ghouta Est et Ouest. « Nos renseignements propres confirment que, dans l’hôpital de Douma, la moitié des victimes sont des femmes et des enfants et que dans 50 % des cas, la mort est immédiate », précise le rapport avant d’ajouter : « Les médecins déduisent qu’une forte concentration de toxique a été employée ».
1 500 morts
Par ailleurs, le document mentionne plusieurs décomptes techniques, selon différentes sources, qui font état d’un total 1 500 morts déjà évoqué par le Dr Oubaida Al Moufti, médecin franco-syrien et porte-parole de l’Union des organisations syriennes de secours médicaux (UOSSM), dans « le Quotidien ». « Les travaux réalisés par nos experts, consistant à modéliser l’impact d’une attaque chimique sur les populations des sites cités, sont cohérents avec ce nombre », estime-t-il.
Parmi les éléments en faveur d’une attaque par armes chimiques, sont cités « le fait que les victimes ne portent pas de blessures corporelles » et la présence de symptômes agoniques : convulsions généralisées, nausées, vomissements, myosis, hypersécrétion de salive, dyspnée, étouffement, perte de connaissance.
Selon le document, « une mise en scène ou une manipulation de l’opposition sont très peu probables » du fait en particulier de l’observation de nombreux enfants en bas âge souffrant de symptômes violents (convulsions notamment).
Concernant l’origine de « l’attaque massive », il est précisé : « Nous estimons que l’opposition syrienne n’a pas les capacités de conduire une opération d’une telle ampleur avec des agents chimiques. »
Parmi les 47 vidéos « expertisées » et « authentifiées » par les services de renseignement français, six ont été mis en ligne sur le site du ministère de la Défense (www.defense.gouv.fr). Ces vidéos proviennent de médecins syriens, de civils et de membres de la rébellion.
Chacune d’entre elles comporte un message avertissant de la présence d’images « particulièrement violentes pouvant heurter la sensibilité des personnes fragiles et des jeunes publics ». Toutes précisent : « Le film amateur (sources ouvertes) que vous allez voir a été tourné le matin de l’attaque du 21 août. Il est extrait d’une masse considérable de témoignages similaires analysés par les services du ministère de la Défense. L’attaque du 21 août dans la banlieue est de Damas (Syrie) a été massive. Ce film référence les symptômes dont ont souffert les victimes, qui ne présentent pas de blessures corporelles. Cette vidéo atteste l’utilisation d’agents chimiques contre les populations civiles. »
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