OFFICIELLEMENT, seulement 80 militaires ont été envoyés au Niger. Il en faudra plus pour pourchasser les preneurs d’otages et libérer leurs victimes, d’autant que le commando terroriste, qui a œuvré rapidement et en toute impunité dans la petite ville d’Arlit, cernée par les dunes, serait maintenant au Mali, dans la montagne. L’assassinat de Michel Germaneau, homme âgé et totalement inoffensif, a démontré que les membres d’AQMI ciblent la France en particulier, leur petit nombre étant compensé par leur détermination et leur férocité. En même temps, le ministère de l’Intérieur a prévenu l’opinion que l’alerte terroriste sur le territoire français est à son plus haut niveau : on ne peut pas exclure des attentats dans les transports publics ou dans les aéroports.
Une protection insuffisante.
La polémique sur la protection dont bénéficiaient les employés d’Areva est désormais inutile. La facilité avec laquelle les terroristes ont pu s’emparer sans coup férir de leurs otages montre que cette protection était largement insuffisante. Il est en outre probable qu’elle ne pouvait pas être renforcée puisque les autorités françaises se sont hâtées d’évacuer les ressortissants vers Niamey ou de les rapatrier en France dans certains cas. Ce qui pose le problème de nos intérêts stratégiques : s’il y avait des Français dans les mines d’uranium, c’est dans doute parce que leur présence était indispensable pour assurer l’approvisionnement en uranium de nos centrales nucléaires. Abandonner les mines nigériennes, c’est assurément faire un cadeau politique à Al Qaïda. On suppose que le gouvernement dispose de plans de rechange. Mais le problème de la sécurité de nos concitoyens au Niger et en France demeure grave.
La situation est compliquée par nos relations avec les pays de la région, qui ne voient pas tous d’un œil favorable l’arrivée de nos forces. Si la Mauritanie a dépêché des militaires pour « pilonner » les membres d’AQMI, l’Algérie, toujours très nerveuse dès que se produit un scénario qui lui rappelle la colonisation, ne se montre guère enthousiaste. Le Niger est en outre un pays extrêmement pauvre, dirigé par une junte militaire à la suite d’un putsch, et des élections générales sont prévues pour le début de l’année prochaine... si elles ont lieu. Les coffres sont vides et Niamey aurait besoin d’une rallonge financière urgente pour payer ses fonctionnaires. La rumeur a couru que le pouvoir militaire avait demandé 30 millions d’euros à Areva, qui dément avoir négocié ou refusé cette aide.
NOUS NE POUVONS PAS PRENDRE DES DÉCISIONS INSPIRÉES PAR LA PEUR
Pour l’Élysée et le gouvernement, la tension créée par le mouvement terroriste est difficile à gérer. Nicolas Sarkozy a choisi la manière forte, mais cette fois, son comportement n’a pas été dicté par une pulsion : l’irrédentisme d’Al Qaïda ne lui laisse guère le choix. On peut épiloguer à l’infini sur des décisions françaises dans le double domaine de la politique intérieure ou de la diplomatie, par exemple la loi interdisant le port de la burqa ; personne, y compris dans l’opposition, ne saurait se rallier à l’idée que nous devions adopter des mesures sous l’empire de la peur inspirée par le terrorisme. Cela restera vrai tant que nous continuerons, comme nous le faisons depuis les attentats du 11 septembre, à déjouer les complots destinés à lancer des attaques sur le sol français, à raison, nous dit-on, d’au moins deux ou trois par an. Nos services, à cet égard, ont été extrêmement performants depuis neuf ans. Ils se livrent à une guerre de l’ombre intense où ils remportent des succès d’une totale discrétion. Malheureusement, la multiplication des tentatives pourrait déborder notre contre-espionnage et se traduire par un ou plusieurs attentats, ce qui ferait alors réfléchir l’opinion sur ce qu’il faut faire pour dévier la haine terroriste vers d’autres contrées et libérer la France de la menace en adoptant une politique conciliante avec l’extrémisme intégriste.
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