Paul Giacobbi, député et président du Conseil exécutif Corse et Josette Risterucci, présidente de la commission Tchernobyl de l’Assemblée de Corse ont présenté à l’Assemblée les résultats de l’enquête confiée à l’hôpital Galliera de Gênes (Italie) sur les retombées sanitaires de Tchernobyl en Corse. Les élus corses ont demandé à ce qu’elle soit reconnue par les autorités.
En juillet dernier, la ministre de la santé, Marisol Touraine, et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) avaient rejeté les conclusions de l’étude. La première a estimé qu’elle « ne permet pas (..) d’établir un lien de cause à effet plus direct entre le nuage de Tchernobyl et le développement de ces cancers » en Corse. L’Institut a, pour sa part, relevé « des limites concernent aussi bien les données utilisées, la réalisation des études, l’analyse statistique et l’interprétation des résultats ».
Le Pr Cremonesi défend sa méthode
À la demande des élus corses, le Pr Paolo Cremonesi qui a cordonné l’étude a d’abord tenu à préciser la méthodologie. L’enquête porte sur une base de données de 14 000 dossiers médicaux tenus par le seul endocrinologue en activité de 1970 à 1990, en charge des communes de Haute-Corse et de l’Est de la Corse survolées par le nuage (bassin de population : 180 000 habitants).
Les cas pédiatriques traités en milieu hospitalier sur le continent n’ont pas pu être intégrés à l’enquête et mériteraient une étude. Sur les 14 200 dossiers soumis à un archivage systématique (âge, sexe, lieu de résidence, Compte rendu de consultation, résultats d’examens complémentaires, fiches de synthèses standardisées par patient), 6 000 relevaient de pathologies endocriniennes. Ils ont été étudiés en double aveugle et 5 448 dossiers ont été retenus.
Le Pr Paolo Cremonesi explique que la méthodologie employée a tenu compte des facteurs susceptibles d’avoir joué un rôle dans l’augmentation des pathologies thyroïdiennes. « Les pathologies thyroïdiennes ont globalement augmenté partout depuis plusieurs années », a-t-il précisé. Afin de pouvoir distinguer l’impact spécifique du nuage, les scientifiques ont « nettoyé » les données obtenues, en pondérant « les facteurs de confusion » tels que le sexe (les femmes sont plus touchées que les hommes), l’âge, l’amélioration de l’accès aux soins et les progrès techniques de diagnostic, les habitudes alimentaires ou les carences en iode.
Ouvrir le débat scientifique
Or ces données mettent en évidence une augmentation statistiquement significative (p‹0,05) des risques (après 1986 par rapport à avant 1986) de : thyroïdite (hommes : + 78,8 % ; femmes : + 55,3 % ; enfants jusqu’à 18 ans : + 62 %), nodules bénins (hommes : + 64,51 % ; enfants jusqu’à 18 ans : + 14 %), hyperthyroïdie (hommes : + 103,21 %), cancers de la thyroïde (hommes : + 28,29 %).
Les auteurs vont adresser l’étude à plusieurs revues scientifiques internationales d’ici la fin de l’année. Ce sera, explique l’équipe du Pr Cremonesi, l’occasion de critiques méthodologiques du milieu scientifique qui pourraient conduire si besoin à améliorer la méthodologie, éliminer d’éventuels biais, affiner la pertinence des résultats.
Monsieur Giacobbi et la commission « Tchernobyl » de l’Assemblée de Corse souhaitent interpeller à nouveau l’État afin que le débat se poursuive dans la communauté scientifique pour améliorer la prévention des risques et que le législateur prenne en compte les conséquences des accidents nucléaires.
M. Giacobbi, a assuré qu’il allait déposer une nouvelle proposition de loi sur la reconnaissance d’une présomption de lien de causalité entre l’exposition aux radiations et la maladie ou le décès. La précédente, déposée en 2011, avait été rejetée. Un des enjeux est celui de l’indemnisation des victimes.
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