ISRAËL SE RETROUVE, une fois de plus, au ban des nations, pour ignorer des mises en demeure internationales. Pour sa défense, qui sera courte, l’idée d’un gel de la colonisation contient un présupposé sur le résultat d’une négociation qui n’a pas encore commencé. On insiste énormément, dans les médias, sur l’importance, ou même le caractère sacré de Jérusalem pour le monde arabo-musulman. On oublie que pour tous les juifs du monde, le nom de cette ville est à lui seul, depuis 2 000 ans, un cri de ralliement. Les 1 600 logements par qui le scandale arrive ne changeront rien au rapport démographique : en soixante ans, la population juive a doublé dans la capitale d’Israël, mais la population arabe a quadruplé. Le désir du gouvernement israélien de changer ce rapport est donc vain.
Israël se dresse contre son seul ami.
Ce qui n’enlève rien à la provocation à laquelle M. Netanyahou vient de se livrer. Tout le monde aura compris, y compris les Américains, qu’il ne veut pas négocier et qu’il a, depuis belle lurette, renoncé à l’échange des territoires contre la paix. Ses prédécesseurs, les travaillistes qui ont lancé la colonisation dans les territoires occupés, puis Ariel Sharon avec la construction du mur, ont tenté de procéder par le fait accompli. Ils y étaient incités par l’impossibilité de conclure un accord de paix avec les Palestiniens, y compris en 2000, quand Yasser Arafat a refusé de signer les accords de Taba (qui, pourtant, lui accordaient Jérsualem-Est) et déclenchait une nouvelle intifada. Mais ce qui était vrai il y a dix ans ne l’est plus aujourd’hui. Si Sharon a fait évacuer Gaza pour constater ensuite que le Hamas en faisait une base militaire contre Israël, le président de l’Autorité palestinienne, bien qu’il fût affaibli par le Hamas, offrait de bonnes garanties diplomatiques. Aujourd’hui, la Cisjordanie, qui risque, une fois de plus, de basculer dans la violence, est une zone qui se développe, où se crée une classe moyenne qui aurait beaucoup à perdre dans un affrontement avec Israël, mais qui exige que soient enfin tracées les frontières des deux États.
LA POLITIQUE ISRAÉLIENNE EST ANACHRONIQUE DANS UN MONDE QUI A BEAUCOUP CHANGÉ
M. Netanyahou ne peut pas ignorer les gages donnés par l’Aurité palestinienne qui a fini par maîtriser la violence là où elle exerce le pouvoir ; il ne peut pas ignorer que Barack Obama s’efforce de mettre en pratique une politique de la main tendue aux musulmans ; il ne peut pas ignorer qu’il vient de ridiculiser l’Amérique aux yeux du monde arabe. D’où lui vient sa capacité à résister au seul ami réel d’Israël ? D’abord de l’origine de son pouvoir : il a été élu sur le principe d’une remise à plat des accords d’Oslo et il n’a pu former son gouvernement qu’en s’alliant avec des partis religieux ou d’extrême-droite. S’il fait un geste en direction du compromis avec les Palestiniens, sa coalition s’écroule. Ensuite, du soutien qu’il continue à avoir aux États-Unis. Non sans cynisme, il joue le jeu des républicains et de la droite chrétienne (les évangélistes estiment que la Judée et la Samarie, c’est-à-dire l’actuelle Cisjordanie, sont la terre biblique des juifs), prêts à se dresser par tous les moyens contre une politique américaine dont la feuille de route serait constituée par les accords d’Oslo et de Taba. Le Premier ministre israélien, qui a déjà dirigé le gouvernement pendant trois ans à la fin des années 2000, donne aujourd’hui à M. Obama autant de fil à retordre qu’il en avait donné à l’époque à Bill Clinton.
Le moyen de le faire fléchir.
Le président américain est certainement soutenu par ses généraux qui ont appris en Irak qu’il faut respecter l’adversaire arabe et ne véhiculent plus la philosophie de George Bush, fondée sur la guerre à outrance contre les dictatures. Aujourd’hui les politiques irakienne et afghane de l’Amérique contiennent d’importants ingrédients culturels. Mais M. Obama, embourbé dans sa réforme de l’assurance-maladie, craint maintenant d’avoir une autre pomme de discorde avec son opposition.
C’est pourquoi la solution ne peut venir que d’Israël. Le jeu de M. Netanyahou n’est pas seulement cynique, il est extraordinairement dangereux, surtout quand on pense à la menace iranienne. Il représente en outre un anachonisme dans un monde qui a beaucoup changé. Déjà, les travaillistes, qui sont dans la coalition, mais ne représentent plus qu’une très faible partie de l’électorat, devraient quitter le gouvernement et tenter de déclencher une crise politique en Israël. M. Netanyahou n’a jamais eu qu’un objectif : conquérir le pouvoir ou y rester. Le seul moyen de le faire fléchir consiste à mettre son pouvoir en danger.
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