Huit parents sur dix sont inquiets de l'impact de la pollution de l'air sur la santé de leurs enfants, selon un sondage BVA* dévoilé par la Ligue contre le cancer à l'occasion de la journée nationale de la qualité de l'air ce 14 octobre, organisée à l'initiative du ministère de la Transition écologique. Et à juste titre : « Les enfants sont plus vulnérables que les adultes à la pollution de l'air en raison de l'immaturité de leurs organismes et de leur fréquence respiratoire (une fois et demie plus élevée que celle des adultes) », écrit la Ligue.
La pollution de l'air est un risque de cancer avéré depuis 2013, rappelle-t-elle. « La majorité d'entre nous a conscience que la pollution de l'air a un impact sur notre santé, mais beaucoup ignorent encore les risques de cancers engendrés. La pollution de l'air est pourtant la troisième cause de mortalité évitable, derrière le tabac et l'alcool, souligne le Pr Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer qui a succédé au Pr Axel Kahn. Il est temps de protéger notre santé et celle des plus vulnérables des risques causés par la pollution. »
La Ligue promeut des rues scolaires sans voiture
En cette journée de sensibilisation, la Ligue souhaite ainsi alerter les pouvoirs publics et appelle à promouvoir des « rues scolaires », c'est-à-dire la mise en place d'axes devant les écoles où l'accès aux véhicules motorisés est interdit, au moins aux heures d'entrée et de sortie des élèves. Le dispositif vise notamment à diminuer certains polluants mais aussi à inciter à des mobilités plus actives, favorables à la réduction des maladies chroniques. Ce dispositif est déjà à l'œuvre en France, avec notamment une centaine de rues scolaires à Paris et une quinzaine à Rouen.
D'après le sondage mené auprès des parents d'enfants de 3 à 10 ans en France métropolitaine et dans les départements et régions d'outre-mer (DROM), 84 % des parents se sont dits favorables à la mise en place de ces espaces sans voiture devant l'école de leur(s) enfant(s). Et ils sont également 70 %, parmi ceux qui accompagnent leur(s) enfant(s) à l'école en voiture, à être prêts à changer leur comportement.
Un rapport du Réseau Action Climat et d'Unicef France sonne également l'alerte, alors que plus de trois enfants sur quatre en France respirent un air pollué. Et surtout, il montre que les enfants les plus pauvres sont aussi les plus vulnérables à la pollution de l’air. « Les populations pauvres peuvent plus difficilement se soustraire à des conditions de vie défavorables faute de ressources suffisantes, elles sont donc davantage susceptibles de cumuler plusieurs expositions néfastes (qualité de l’air intérieur dégradée, plus forte exposition au bruit, à la chaleur, etc.) », est-il expliqué.
Face à ce constat, le Réseau Action Climat et Unicef France émettent plusieurs recommandations, et préconisent notamment de renforcer la prise en compte des enjeux sociaux et des enfants dans l’élaboration des politiques de santé environnementale.
L'OMS a revu ses seuils à la baisse
D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 7 millions de décès prématurés sont dus aux effets de la pollution de l’air chaque année, dont plus de 4 millions en lien avec l’air ambiant. Pour lutter contre ce fléau, l'OMS a récemment révisé ses recommandations relatives à la qualité de l'air extérieur, en abaissant les seuils des principaux polluants atmosphériques (PM2,5, PM10, NO2, O3, SO2 et CO). Par exemple, pour les particules fines PM2,5, l'OMS recommande désormais de ne pas dépasser une concentration moyenne de 5 µg/m3 par an (contre 10 dans ses recommandations de 2005) et pour le NO2 une concentration de 10 µg/m3 (contre 40).
L’Union européenne prévoit à son tour de réviser ses normes « afin de les aligner plus étroitement sur les recommandations de l’OMS », est-il indiqué sur le site de la Commission européenne. Dans ce cadre, une consultation publique ouverte à tous a été lancée et se terminera le 16 décembre.
*Enquête réalisée entre le 6 et le 17 juillet 2021 en ligne en métropole et par téléphone en outre-mer, auprès de parents d'enfants de 3 à 10 ans. Échantillon national en métropole représentatif de 1 080 parents construit suivant la méthode des quotas appliquée aux critères suivants : sexe, âge, CSP de la personne de référence du ménage, région, taille d'habitat, âge des enfants (source RGP, Insee 2016) et sur-échantillon de 150 parents habitants les DROM et répartis de façon équilibrée entre les quatre territoires. Dans les résultats d'ensemble, un redressement a été appliqué afin de redonner aux ultramarins leur poids réel dans la population nationale.
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