« La restriction des recommandations dans la prophylaxie de l’endocardite infectieuse (EI) ne s’est pas accompagnée d’une augmentation des EI à germes dentaires », conclut une étude publiée ce mardi dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire ». En revanche, S. Aureus devient le principal germe le plus souvent rencontré.
Les résultats présentés résultent de la comparaison de 3 études observationnelles conduites par l’Association pour l’étude et la prévention de l’endocardite infectieuse (AEPEI) en 1991, 1992 et 2008. Ces études répétées selon la même méthodologie dans 7 départements ou régions françaises* - soit 11 millions d’habitants - ont inclus de manière prospective tous les patients pris en charge pour une endocardite infectieuse.
Elles ont permis de suivre l’évolution de l’incidence des EI dans le temps et d’étudier l’impact des nouvelles recommandations de prophylaxie introduites en France en 2002. La prophylaxie n’est plus recommandée qu’aux seuls patients porteurs de prothèse valvulaire, de valvulopathies cyanogènes non corrigées et aux patients aux antécédents d’EI et devant subir certains gestes dentaires.
Les hommes plus que les femmes
Dans l’étude de 2008, 497 patients présentant une EI ont été recrutés dont 369 hommes (74,2 %) et 128 femmes (25,8 %) d’âge moyen de 62,3 ans. Dans la majorité des cas (73,3 %), l’EI est d’origine communautaire, les endocardites d’origine nosocomiale (liée aux soins) représentant les autres EI à l’exception des cas secondaires à l’injection de drogue intraveineuse (29 cas dont 26 sur valve native) et les 11 cas d’EI (9 sur valve native) pour lesquels le mode d’acquisition n’a pas pu être déterminé.
L’étude de 2008 a permis de montrer une augmentation des EI sur cœur non préalablement connu comme pathologique - aucune pathologie cardiaque sous-jacente n’a été retrouvée pour 52,7 % des patients. Un peu plus de 13 % d’entre eux étaient porteurs d’un dispositif endocavitaire (8 défibrillateurs implantables et 58 pacemakers), 20,9 % étaient porteurs d’au moins une prothèse valvulaire et 6,8 % étaient atteints d’une cardiopathie congénitale.
Mortalité hospitalière élevée
L’incidence des 32,4 cas par million d’habitants, plus élevée chez les hommes que chez les femmes. La comparaison avec les études de 1991 et 1999 montre que l’incidence est restée stable, respectivement de 35 et 33 par millions d’habitants. Ce qui tend à montrer que « la diminution des indications d’antibioprophylaxie des EI n’a pas eu d’effet délétère », soulignent les auteurs Mathieu Revest et col.. L’incidence des EI à streptocoques d’origine dentaire était de 8,1 en 1991 et de 6,3 en 1999 contre 6,5 en 2008.
En pourcentage, les EI d’origine dentaire représentaient 23,8 % des EI en 1991, 18,4 % en 1999 et 20,6 % en 2008, les endocardites à streptocoques du groupe D représentant respectivement 16,7 %, 25,1 % et 11,8 %. En revanche, les EI dues aux staphylocoques sont en augmentation, particulièrement les EI à S. aureus qui deviennent majoritaires en 2008 (25,7 % des EI). Ces EI liés « aux soins occupent dorénavant une place importante, représentant plus d’un quart des cas », indiquent les auteurs.
De même, la mortalité hospitalière, évaluée à 23 %, est plus élevée en cas d’infections liées aux soins (31 %) que dans les endocardites communautaires (20 %). Selon Mathieu Revest et col., « un effort devrait être fait pour éviter les bactériémies à S. aureus chez tous les patients y compris ceux sans valvulopathie préexistante, pour diminuer l’incidence des EI ».
*Paris et grande couronne, Lorraine, Rhône-Alpes, Franche-Comté, Marne, Languedoc-Roussillon et Ille-et-Vilaine
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