Les députées Laëtitia Romeiro Dias (LREM) et Bénédicte Taurine (LFI) recommandent de renforcer la formation des médecins généralistes et des gynécologues sur l'endométriose, en y consacrant un module spécifique dès leur formation initiale. Leur rapport, rendu public ce 11 février et adopté par la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée nationale, entend rompre avec le « tabou des règles » et propose quelque 47 mesures pour que les règles soient moins « génératrices d'angoisses et souffrances ».
Les rapporteures proposent aussi de sensibiliser les services d'urgence aux symptômes évocateurs de l'endométriose et de créer des centres de santé dans chaque département, proposant des consultations dédiées pour l'endométriose, afin de réduire l'errance diagnostic.
Évoquer les règles lors des visites médicales
Au-delà de l'endométriose, les députées recommandent que les médecins soient un relais d'information au sujet des menstruations, alors qu'« il y a une certaine réserve, qui va parfois jusqu'au véritable tabou, à évoquer un sujet » qui relève de l'intime, écrivent-elles.
Les visites médicales obligatoires entre 11 et 13 ans puis entre 15 et 16 ans doivent être l'occasion de délivrer une information systématique sur le sujet, même lorsque la jeune fille ne l'aborde pas. La seconde visite peut permettre d'évoquer la vie sexuelle et la contraception, notent les rapporteures, tout en souhaitant qu'un guide de bonnes pratiques en matière d'informations à donner aux patientes soit diffusé aux professionnels de santé.
Elles suggèrent que les médecins conseillent systématiquement les jeunes filles sur les gestes d'hygiène à observer pendant les règles et sur les précautions d'emploi des protections périodiques.
Mieux informer les jeunes filles… et les garçons
Selon Laëtitia Romeiro Dias et Bénédicte Taurine, « la prise en charge insuffisante de la question des menstruations contribue à perpétuer les inégalités entre les femmes et les hommes ».
Les députées préconisent que le cycle menstruel soit systématiquement abordé dès la classe de 6e, qu'un site internet public soit créé pour délivrer des informations ludiques et accessibles, et qu'une campagne aide à déconstruire les préjugés. « Informer au plus tôt c'est le mieux, dans un premier temps en décorrélant cette question de l'éducation à la sexualité », commente Laëtitia Romeiro Dias.
« Il n'est pas rare que les filles aient leurs premières règles en CM2, alors que souvent on ne leur en parle qu'en classe de 4e », a ajouté la députée, pour qui « il faut en parler aussi aux garçons, qui deviendront des pères et devront pouvoir répondre aux questions de leurs filles ».
Rappeler le bon usage des protections hygiéniques
Reprenant les préconisations de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), les députées considèrent que les fabricants de protections périodiques devraient être tenus de mentionner sur les emballages la présence éventuelle de traces de substances toxiques. Y compris lorsqu'ils sont inférieurs aux seuils légaux. Un pictogramme clair devrait informer les utilisatrices sur les risques d'une utilisation prolongée des protections internes (tampons et coupes), afin d'éviter tout risque de syndrome de choc toxique. Les professionnels de santé devraient eux, être tenus à une procédure de déclaration obligatoire des cas de syndrome de choc toxique, même en l'absence d'hospitalisation, et déconseiller aux femmes ayant subi un tel syndrome de recourir à des protections internes.
Enfin, pour remédier au problème de la précarité menstruelle, Laëtitia Romeiro Dias et Bénédicte Taurine proposent l'installation de distributeurs de protections menstruelles dans certains lieux publics, auxquels les femmes sans domicile pourraient avoir accès grâce à des cartes prépayées. Les collégiennes, lycéennes et étudiantes devraient également pouvoir accéder à des protections gratuites dans leurs établissements. L'examen des modalités d'une telle expérimentation a été confié par le gouvernement en mai dernier à la sénatrice LREM Patricia Schillinger.
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