La république idéale n’existe pas. Toutes les constitutions, y compris la nôtre, présentent des inconvénients. Le système américain, souvent décrié, est pourtant celui qui assure la plus grande stabilité politique. Pratiquement, on peut fixer les dates de toutes les élections américaines un siècle à l’avance, quoi qu’il arrive entretemps, y compris l’assassinat d’un président. La constitution de la Vè république contient ses propres défauts, en ce qu’elle donne peut-être trop de pouvoirs au président. La gauche a jugé que deux septennats, c’était beaucoup ou trop long et que 14 ans d’exercice de pouvoir conduisaient forcément à la décrépitude des hommes en fonction et des rapports de force entre la majorité et l’opposition, qui aboutit à la cohabitation. Seul François Mitterrand est allé au terme de ses deux mandats, bien qu’il fût très malade au moins deux ans avant de finir le second. Lionel Jospin a suggéré de ramener le mandat à un quinquennat. À l’expérience, il est alors apparu que le temps politique était considérablement accéléré par ce raccourcissement et qu’il ne permettait pas au président d’aller au bout de son programme. L’inversion du calendrier électoral, qui place les législatives après la présidentielle, a renforcé les effets du quinquennat qui fait de la présidence un pouvoir fort mais court. On n’est donc pas certain que la réforme soit utile.
Nicolas Sarkozy, pour sa part, a procédé à d’autres réformes institutionnelles en prenant soin de ne pas porter atteinte à ce qui fait l’intérêt de la Vè, c’est-à-dire, la stabilité politique du quinquennat. C’est aujourd’ui de cette stabilité que bénéficie un François Hollande qui revendique sa majorité de 2012, mais ne l’a plus vraiment, puisque sa cote de popularité est tombée à 13 points. Dans ces conditions, faut-il souhaiter de raccourcir encore plus le quinquennat, cette fois en donnant la possibilité aux élus de renverser le pouvoir à mi-parcours ? Rien n’est moins sûr.
L’exemple de la fronde socialiste.
Là encore, nous constatons que l’opposition de droite n’est pas prête à diriger le pays et que si les partis d’extrême gauche et d’extrême droite réclament à grands cris l’instauration de la VIè république, c’est pour une raison essentielle : ils veulent changer le mode de scrutin, rétablir le vote proportionnel et finir par gouverner avec une minorité. On a vu un exemple de ce qui pourrait se produire dans le cadre de la VIè avec les élus « frondeurs » du parti socialiste, dont l’attitude a été médiatisée à outrance, alors qu’ils ne représentent qu’une minorité au PS et qu’ils pourraient imposer leur point de vue seulement si les suffrages étaient répartis en une multitude de coalitions ou d’alliances propice à la formation d’un gouvernement minoritaire. La VIè république, si on l’adopte, ressemblera furieusement à la IVé, qui a justement disparu parce que le « système des partis », exécré par de Gaulle, était un facteur permanent d’instabilité.
Ce sont la gauche et l’extrême gauche qui font le plus de bruit, mais la totalité des formations classées à gauche ne représente plus que moins d’un tiers de l’électorat tandis que l’addition des droites, de l’extrême droite et du centre fournit un total de près de 70 %. On devine alors l’utilité d’une VIè république pour l’extrême gauche, surtout si elle s’appuie sur le scrutin proportionnel : elle donnerait certes une voix à chacun mais elle risque fort d’accorder le pouvoir à un parti qui représente un groupuscule et tiendra quelques mois avant de passer la main à un autre groupuscule. Compte tenu de sa progression dans les sondages, Marine Le Pen, qui, dans le cadre d’une présidentielle, recueillerait jusquà 28 % des suffrages, n’aurait plus besoin de la proportionnelle. C’est un très grave phénomène qui vient de se produire : le Front national a bel et bien une chance de devenir le premier parti de France et ce principalement à cause de l’incroyable affaiblissement de la gauche.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque