Curieusement, M. Macron multiplie ses interventions iconoclastes au moment où le gouvernement, à l’approche des régionales, craint une débâcle électorale et s’emploie à apaiser ses troupes, avec l’espoir un peu fou, exprimé par le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, de rassembler la gauche. De sorte que M. Macron n’a pas plus tôt parlé qu’il est remis en place par le Premier ministre ou par le président de la République. Les poids lourds du parti, qui n’aiment pas trop que le ministre virevoltant envahisse leurs plates-bandes, n’hésitent plus à le corriger avec sévérité. Il a mis en cause le statut des fonctionnaires, Marylise Lebranchu, ministre de la Fonction publique lui a dit en termes sévères de se mêler de ses affaires. Il a soulevé la question des 35 heures, plaie ouverte dans la conscience de la gauche, M. Valls l’a remis en place. La loi Macron prévoit l’ouverture le dimanche des grands magasins à Paris, la maire de la capitale, Anne Hidalgo, nourrie toute sa vie au lait des « valeurs de gauche », estime qu’il s’occupe de ce qui ne le regarde pas car Paris serait sa chasse gardée. Et Mme Hidalgo de noter avec minutie les boutiques classées à tort dans les sites touristiques et qui, en conséquence, ne devraient pas être ouverts en fin de semaine. Elle réclame même un sucroît d’autorité sur sa ville.
Si M. Macron ne craint pas de se faire beaucoup d’ennemis, c’est sûrement parce qu’il préfère attacher son nom à quelques réformes durables que faire carrière au sein de la gauche. On lui a assez répété qu’il n’était même pas membre du PS et quand le parti a tenu ses universités d’été, il ne l’a pas invité. M. Macron n’y est pas allé. Il est impossible que le jeune ministre ait choisi cette stratégie suicidaire pour le plaisir du potache qui fait de bonnes blagues à ses camarades de classe. Le nombre de ses provocations est à la fois rafraîchissant (un membre du gouvernement qui dit la vérité !) et incalculable. À notre avis, M. Macron bénéficie d’un feu vert de l’Élysée. C’est bien l’esprit du président d’avoir deux fers au feu : un appel à l’unité et une attaque systématique contre les tabous dont les socialistes ne sont toujours pas guéris. Le fait est que, du point de vue d’un observateur non partisan, l’ouverture des magasins le dimanche, la révision du statut des fonctionnaires, le temps de travail et sa rémunération réclament des réformes indispensables et que, s’il n’y a pas quelqu’un pour marteler ces nécessités, la gauche va finir par croire que c’en est fini de ces réformes.
Si ce n’est pas nous...
Sans doute y a-t-il une contradiction entre le besoin de rassemblement et la poursuite d’une politique réformiste. Sans doute François Hollande veut-il passer le cap des élections régionales avant de laisser Emmanuel Macron continuer sa désacralisation systématique des vieilles lunes. Mais il n’est pas inutile de rappeler à toutes les forces de gauche que, si le gouvernement de Manuel Valls ne s’attaque pas aux scléroses de la machine économique, c’est la droite au pouvoir qui le fera.
On en veut pour preuve que M. Macron est souvent tancé, jamais remercié. Entre son attitude et le fait qu’il ne soit pas un socialiste pur et dur, il y a une corrélation évidente. Il se met dans la peau du personnage qui n’a rien à perdre. Il n’a pas besoin de faire une carrière politique. Il peut en faire autre, plus enrichissante et moins compliquée, dans la banque. Sa liberté de ton vient de ce qu’il n’a rien à craindre, que, pour lui, il n’y a pas de plus grand plaisir que d’en dire de vertes et de pas mûres à des gens qui le détestent et d’abandonner ses collègues à leur ressentiment, lequel relève moins de leurs convictions que d’une vague arrière-pensée : ne risquent-ils pas de ne pas être sur la bonne voie et d’être balayés par l’histoire ?
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