Dix ans après la catastrophe de Fukushima, le Comité scientifique des Nations unies sur les effets des rayonnements atomiques (UNSCEAR) a publié le 9 mars une nouvelle évaluation des effets de l’exposition aux rayonnements dus à l’accident nucléaire survenu au Japon en mars 2011.
Depuis le précédent rapport de 2013, « aucun effet néfaste sur la santé des résidents de Fukushima, directement attribuable à l'exposition aux radiations résultant de l'accident, n'a été documenté », a commenté Gillian Hirth, présidente de l'UNSCEAR, dans un communiqué.
Des estimations d'exposition plus fidèles à la réalité
À partir des données accumulées jusqu’à fin 2019, les experts ont mis à jour leurs évaluations, sans modifier profondément leurs principales constatations et conclusions de 2013. Ils ont par exemple affiné les premières estimations des niveaux d’exposition aux rayonnements des habitants, en prenant en compte les comportements réels des résidents pendant la catastrophe.
Ces estimations révisées affichent des expositions comparables, voire plus faibles, que celles de 2013. Dans certaines municipalités ou préfectures parmi les plus exposées, les doses reçues seraient 30 % inférieures par rapport aux estimations de 2013.
Les plus de 20 000 travailleurs d'urgence mobilisés à la suite de l’accident ont été exposés jusqu’à fin mars 2012 à des doses d'environ 13 mSv (millisieverts). Selon les estimations des experts, « environ 36 % des effectifs ont reçu une dose de plus de 10 mSv et environ 0,8 % (174 travailleurs) ont reçu plus de 100 mSv au cours de cette période », indique le rapport.
Progressivement réduits à partir d’avril 2012, les niveaux d’exposition de ces travailleurs sont passés de doses annuelles moyennes d'environ 6 mSv fin mars 2013 à environ 2,5 mSv à la fin de mars 2020. « Aucun travailleur n'a reçu une dose annuelle de plus de 50 mSv depuis avril 2013 », est-il souligné.
Des effets sanitaires « peu susceptibles d'être discernables »
En termes sanitaires, « les effets futurs sur la santé directement liés à l'exposition aux rayonnements sont peu susceptibles d'être discernables », jugent les experts, qui tirent une conclusion similaire concernant les travailleurs d’urgence, pourtant plus exposés que la population générale.
La forte augmentation (par rapport à celle attendue) du nombre de cancers de la thyroïde chez les enfants exposés n'est pas le résultat de leur exposition aux rayonnements, mais de « procédures de dépistage ultrasensibles qui ont révélé la prévalence d'anomalies thyroïdiennes dans la population non détectées auparavant », poursuivent-ils.
Plus généralement, le rapport n’a relevé « aucune preuve crédible d'anomalies congénitales excessives, de mortinaissances, d'accouchements prématurés ou de faible poids à la naissance liés à l'exposition aux rayonnements ».
Ces conclusions rejoignent celles d’un bilan de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), présenté en mars 2020. Selon cette analyse, la majorité de la population n’a pas été exposée à une dose de plus de 2 mSv durant les 4 mois suivant l'accident. Et l’augmentation des cas de cancer de la thyroïde est également expliqué par les campagnes successives de dépistage mises en place par les autorités japonaises à la suite de l’accident.
Des impacts sur l'environnement également jugés « peu probables »
Le rapport de l’UNSCEAR se penche également sur les conséquences environnementales de l’accident. Selon eux, les concentrations de césium 137 enregistrées dans l’environnement en 2012 étaient à peine supérieures aux niveaux observés avant l'accident, même dans les eaux côtières au large du site. Les concentrations de radionucléides dans les denrées alimentaires surveillées ont par ailleurs diminué rapidement après l'accident.
Les impacts directement liés à l'exposition aux rayonnements sur les populations d'animaux sauvages sont jugés « peu probables », malgré les « effets néfastes » constatés sur certaines plantes et certains animaux dans des zones de niveaux de rayonnement accrus. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux appréhender les effets sur le biote non humain, recommandent tout de même les experts.
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