La fédération nationale des comités féminins pour la prévention et le dépistage des cancers, groupement d’associations d’usagers à travers toute la France, a organisé son 13e colloque autour de la problématique d’actualité du cancer du sein avec, en toile de fond, cette question : quel avenir pour le dépistage ?
Selon la Fédération et sa représentante parisienne, Maggy Camp, « les polémiques toxiques sur l’intérêt du dépistage » créent un climat délétère qui ne va pas dans le sens souhaité. Aujourd’hui, si le taux de participation au dépistage organisé avoisine les 53 % et que l’on y ajoute les 10 à 15 % de femmes qui se font dépister de manière individuelle, ce sont toujours un tiers d’entre elles qui n’entrent pas dans le circuit de prévention.
Un navire sans pilote
Invités à se prononcer sur l’état des lieux du dépistage organisé (DO) du cancer du sein, de nombreux professionnels de santé, parties prenantes dans le dispositif, ont tenu à faire part de leurs inquiétudes quant à son mode de fonctionnement, voire sa pérennité.
Brigitte Seradour, radiologue et médecin coordonnateur d’Arcades 13 (Association pour la recherche et le dépistage du cancer du sein, du col de l’utérus et des cancers colorectaux, dans les Bouches-du-Rhône), rappelle ainsi que, malgré de nombreux acquis comme l’équité, la gratuité et l’existence d’un contrôle qualité indépendant, « la situation semble aujourd’hui plus ou moins bloquée, sans toutefois que le DO soit clairement menacé ».
En cause selon elle, « la disparition des groupes de pilotage depuis l’instauration des ARS ». Ce « flou de la part des décideurs » qui se caractérise par « l’absence de réunions régulières et de professionnels experts auprès des institutions » entraine une crainte de voir « se détricoter quelque chose qui fonctionne ». Une opinion que partage le Dr Chantal De Seze, directeur de l’Assocation pour le dépistage des cancers dans l’Oise : « Il y a aujourd’hui un monde qui nous sépare des décideurs, notamment depuis l’abandon des comités de suivi ».
Renforcer l’information
Pour Anne Lesur, oncosénologue et responsable du parcours Sein de l’Institut de cancérologie de Lorraine (Nancy), « on ne donne pas assez d’informations sur les chiffres qui parlent en faveur du dépistage […] Les facteurs de risque restent très mal connus et les idées toutes faites perdurent ». Ce que confirme le Dr Martine Rousseau, médecin généraliste et membre du comité des usagers et des professionnels de l’INCa (Comup) : « La crainte du reste à charge et la peur du cancer ne sont pas compensées par une information claire et massive qui plaiderait pour le dépistage. »
Le Dr De Seze rappelle à cet effet que « les messages négatifs non fondés impactent lourdement les populations les plus sensibles, avec le risque de voir s’écrouler tout l’édifice de la prévention ». « Des polémiques anti dépistages à répétition » que déplore B. Seradour, tout comme Jacques Niney, président de la Fédération nationale des médecins radiologues, qui insiste en outre sur « la nécessité de maintenir des points d’accès spécifiques du dépistage organisé, notamment dans les zones où les radiologues manquent ». Cette redynamisation du DO, selon A. Lesur, passera par « une valorisation du plan diagnostic et une optimisation du discours par tous les professionnels concernés ».
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