Invité ce mercredi des rencontres du Café Nile (Paris), le Pr Jean-Luc Harousseau, président de la Haute Autorité de santé (HAS), qui a décidé de démissionner pour des raisons personnelles, a livré son point de vue sur divers sujets d’actualité, la langue déliée par la fin de son mandat.
Le Pr Harousseau s’adresse un satisfecit pour son action à la tête de la HAS, soulignant qu’en France, « aucun médicament vraiment innovant n’était absent du marché ». D’autres pays font des choix plus radicaux en matière de remboursement des traitements onéreux. En septembre, au Royaume-Uni, le NHS a refusé 17 molécules (pour des traitements anticancéreux) tandis qu’aux États-Unis, « le reste à charge est si important que 10 à 20 % des malades atteints d’un cancer ne sont pas en mesure de prendre leur traitement », relève-t-il.
La question de la soutenabilité financière est donc clairement posée. Le Pr Harousseau prévient qu’« il faudra se saisir tous ensemble du problème du coût de l’innovation et de son accès au marché. Partout, on observe un retour de l’innovation et parfois pour des molécules pouvant concerner une population importante ».
Obscurité des coûts
Le Pr Harousseau adresse au passage une pique à l’industrie pharmaceutique sur le coût exact de la R&D, jugeant que les estimations des laboratoires relèvent de « l’obscurité totale ». « Les industriels avancent souvent le montant d’un milliard d’euros en moyenne pour développer un nouveau médicament mais, en réalité, on n’arrive pas à cette somme, sauf à inclure le coût des échecs de développement antérieurs. » Le patron de la HAS l’assure : « Dans l’agroalimentaire, ça ne marcherait pas. »
Quant au rapport de Dominique Polton, qui suggère la mise en place d’un taux unique de remboursement pour les médicaments (proche de 60 %), c’est une idée « intéressante mais prématurée ». Le président de la HAS parie que cette réforme « n’est pas pour tout de suite ».
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