Comment les médecins et les infirmiers entendent améliorer la stratégie vaccinale

Publié le 07/05/2013
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Crédit photo : PHANIE

La simplification du nouveau calendrier vaccinal, avec moins d’injections pour la primovaccination et le passage d’une logique d’intervalle (10 ans) à une logique d’âge (25, 45, 65 etc.) pour les adultes, n’est pas synonyme d’une mise en place simple. « Il va y avoir une période de confusion. Pendant 15 ans, des réajustements seront nécessaires. Des adultes continueront à venir dans les cabinets en pensant que 10 ans se sont écoulés depuis leur dernier rappel, sans savoir qu’on est passé à une logique d’âge fixe », explique le Dr Claude Leicher, président de MG France. « Nous avons nous-même besoin de temps pour nous l’approprier », reconnaît-il.

La question de la traçabilité

Dans le cadre de la semaine de la vaccination qui vient de s’achever, médecins et infirmiers ont affûté leurs positions. Pour rappel, les infirmiers vaccinent systématiquement sur prescription médicale, sauf pour la revaccination antigrippale pour laquelle ils peuvent (dans certaines circonstances) se passer d’une ordonnance médicale depuis un arrêté de juin 2011.

Selon MG France, il est indispensable de remettre le médecin traitant au cœur du dispositif, afin de relever le défi de la traçabilité. « Les patients ne savent pas toujours à quand remonte leur dernier vaccin. L’infirmier ou le médecin du travail ne l’inscrivent pas toujours dans le carnet de santé, alors qu’il faut toujours le transmettre au médecin traitant », explique le Dr Leicher.

« Le médecin traitant doit être responsable de la vaccination et organiser les campagnes en fonction de son environnement et des particularités du territoire », poursuit-il. Sans parler de délégations, MG France prône le travail en équipe avec inscription de l’acte dans un dossier médical partagé, que l’acte soit réalisé par le généraliste ou l’infirmier.

Extension du rôle vaccinal des infirmiers

La Fédération nationale des infirmiers (FNI) suggère de son côté une plus forte intégration des libéraux dans la stratégie vaccinale. Des expérimentations régionales de délégation de vaccination sur protocole aux infirmières existent déjà, dans des cadres très précis (par exemple, en Ile-de-France, dans un centre de vaccination, à l’égard de populations à risques). « Nous ne voulons pas, comme a pu le suggérer la ministre de la Santé, vacciner dans les pharmacies. Nous ne voulons pas faire le travail des médecins. Mais toutes les professions peuvent se mobiliser sans être en concurrence », explique le président de la FNI Philippe Tisserand. Sans revendiquer la vaccination de toute la population, il propose une réflexion pour certaines catégories de patients, comme les adultes et les personnes âgées. « Les infirmiers sont proches d’eux et constatent que les rappels ne sont pas faits », ajoute Philippe Tisserand. « Avec un carnet vaccinal électronique, qui permette un partage de l’information, et un arbre décisionnel, les infirmiers libéraux pourraient prescrire les rappels », envisage-t-il.

65 millions d’euros d’économie

Effet collatéral du nouveau calendrier simplifié, les dépenses des Français en vaccins pourraient accuser une baisse de 66 millions d’euros, d’ici la fin 2014 (hors vaccin anti-papillomavirus), selon une étude d’IMS Health. L’institut a calculé cette valeur en prenant pour hypothèse une application immédiate du nouveau calendrier à partir de mai 2013, sans variation du prix des vaccins ni des taux de couverture.

L’essentiel des économies provient du passage du schéma 3+1 à 2+1 pour la primovaccination des nourrissons contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, l’haemophilus influenzae B, et l’hépatite B. Plus de 30,5 millions d’euros pourraient être retenus. Pour les adultes, le montant s’élèverait à 33 millions d’euros grâce au passage à la logique d’âge fixe tous les 20 ans, puis 10 ans à partir de 65 ans.

Les économies chez les enfants et adolescents représenteraient 2,6 millions d’euros.

Pour l’économiste de la Santé et consultant pour IMS Health France Claude Le Pen, ces effets seraient « un bon exemple de gains de productivité dans la santé publique ».

 COLINE GARRÉ

Source : lequotidiendumedecin.fr