La responsabilité de la gauche dans l’ascension du Front n’est plus à démontrer. Elle a envoyé à ses électeurs habituels un message si confus que les plus indignés de ses électeurs se sont jetés dans les bras de l’extrême droite. Les efforts de Manuel Valls pour apaiser l’opposition interne du PS n’ont pas porté leurs fruits. Ses appels au rassemblement n’ont pas été entendus. On lui a reproché d’insister sur le danger que représente le FN, mais qui l’a fait à gauche en dehors de lui ? Et la suite ne lui a-t-elle pas donné raison ? Non seulement ses détracteurs n’ont rien fait, mais on ne peut pas dire que leurs exigences ont été soutenues par le peuple. Ils se battent contre leur propre camp, n’égratignent même pas le parti qui incarne plus grand péril pour le pays, et discréditent la gauche tout entière par leurs récriminations.
Le pire, peut-être, c’est qu’ils croient avoir tout compris au sujet leur déroute. C’est la faute du gouvernement, de François Hollande, de Manuel Valls. Cette déculottée était prévisible, disent-ils, elle est liée aux réformes engagées par le Premier ministre et le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron. Si le pouvoir applique leurs idées, il sera sauvé. Ils ne disent pas comment ils financeraient les largesses sociales qu’ils souhaitent déverser sur leurs compatriotes. Ils veulent ignorer l’échec de l’extrême gauche grecque face à Bruxelles et à Berlin. Ils ne voient même pas que l’Espagne, le Portugal et l’Irlande s’en sortent enfin, après des années d’efforts. Ils se sont dressés contre l’autoritarisme de M. Valls, tout en oubliant la menace d’un parti qui, s’il accédait au pouvoir, ne laisserait guère la place au débat où ils se complaisent tant.
Une gauche plus hostile à Valls qu’au FN.
Tout incite le Premier ministre à changer de politique, la pression des gens de son camp, la colère populaire, si bien traduite dans le scrutin départemental, la fatigue d’un pays qui, à n’en pas douter, souffre énormément de la crise, quoique moins que d’autres. Mais que peut faire M. Valls ? S’il a dit, avant même les élections départementales, qu’il ne modifierait rien dans son programme, c’est parce qu’il entend terminer un chantier qu’il n’a commencé qu’il y a un an, c’est parce qu’il s’est donné pour tâche de réformer. On discutera à l’infini sur la nature du changement, mais des réformes sont en cours et les arrêter avant que leur cohérence apparaisse et que leur efficacité se fasse sentir, ce n’est pas changer les choses, c’est les bloquer. Certes, c’est contre les réformes de M. Valls et de Macron que la gauche de la gauche vitupère. Mais où voit-elle le mandat que le pays serait prêt à lui donner ? Elle est, au sein d’une minorité sortie des élections, une minorité bien plus infime.
En politique, la mauvaise foi n’a aucune limite, Il faudra beaucoup d’habileté à Manuel Valls pour se sortir du pétrin où l’ont enseveli les boulangers de la fronde. A-t-il commis une erreur stratégique en nationalisant les élections départementales ? Peut-être. Mais il l’a fait au nom d’une cause plus impérieuse, celle d’unir le peuple contre le FN. C’est quand même incroyable que la gauche de la gauche soit plus hostile au Premier ministre qu’elle ne l’est à l’extrême droite, qu’elle prétende exercer le pouvoir d’une autre manière quand son pire ennemi est sur le point de s’en emparer, qu’elle continue à défendre des « valeurs » qui, appliquées à la lettre et en dehors du contexte mondial, risquent de nous ruiner sans soulager quiconque dans le pays. On a assez dit qu’il y a, entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon des affinités, par exemple sur la victoire de l’extrême gauche en Grèce, qui les satisfait tous les deux. Aujourd’hui, le seul rempart contre le FN, c’est la droite.
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