Ce qui accroît la confusion générale, c’est que les économistes ne sont pas d’accord. Ils ont même des étiquettes, de droite, de gauche ou d’ailleurs, de sorte qu’ils n’échappent pas aux classements méprisants : s’ils sont de gauche, ils seront encensés par les « frondeurs » du PS, s’ils sont de droite, ils aggravent le « déclin » du pays. Effectivement, l’économie n’est pas une science exacte. Une politique économique peut donc être bénéfique ou aventureuse, personne ne peut le dire à l’avance. Cependant, les économistes, qui ne sont pas des élus, ne prétendent pas imposer leurs idées. Il appartient au pouvoir d’appliquer tel programme ou tel autre, selon ses convictions ou selon la force de persuasion des économistes. Au terme du débat, pour autant qu’il se termine, la décision appartient au gouvernement.
Cependant, peut-on se passer des connaissances économiques si l’on veut engager une politique susceptible de réduire ou d’éliminer les effets de la crise ? Il faut peut-être revenir aux fondamentaux qui, bien que la science économique soit très complexe, invite au bon sens. Il existe des règles qui ne souffrent pas d’être enfreintes. Une dette excessive expose un pays à la faillite. Dans une économie de marché, une part trop élevée de dépense publique menace les investissements créateurs d’emplois. Un déficit budgétaire lourd et persistant crée une tension très forte sur la monnaie et risque de briser l’édifice monétaire si le pays concerné ne peut pas dévaluer, comme c’est le cas avec l’euro. Beaucoup de nos concitoyens croient que les nations ont un statut exceptionnel qui les rendrait différents d’un foyer ordinaire. Or une nation ne peut pas emprunter sans rembourser un jour. Tout chef de famille sait cela parfaitement, mais, apparemment, les nations endettées ne le savent pas.
Italie et Japon
De sorte que des élus estiment que, entre la douleur causée par l’assainissement de nos finances et l’endettement, celui-ci est préférable. Certains de nos voisins, comme l’Italie, ont une dette publique bien supérieure à la nôtre. Le Japon est endetté de 240 % de son PIB (produit intérieur brut) alors que nous n’en sommes « qu’à » 97 %. Pourquoi réduire l’indemnisation des chômeurs, pourquoi réformer les retraites, pourquoi freiner les dépenses d’assurance-maladie quand nous pouvons, en attendant des jours meilleurs, rendre les Français plus heureux ? C’est, en quelque sorte, l’« économisme » qui nous dicte nos choix politiques et ce serait insupportable. Oublions l’économie et les finances, faisons du social. En réalité, c’est une recette pour un désastre. Un ménage s’endetterait de cette manière qu’il aurait les huissiers à sa porte et serait privé de tous ses biens.
L’autre ressentiment est dirigé contres économistes eux-mêmes, très sollicités par les médias, donc assez bavards, qui n’accordent pas leurs violons et ont leurs propres chapelles. Le plus flamboyant des économistes qui s’insurgent contre l’économisme est Bernard Maris, qui pense que le gouvernement ne devrait pas s’inquiéter de la dette et devrait rechercher un nouveau modèle économique et social axé sur la qualité de vie. D’autres économistes, comme Jean-Paul Fitoussi, de l’OFCE, estiment que le rythme de désendettement doit être ralenti pour empêcher toute explosion sociale et il est rejoint par le Fonds monétaire international, qui a viré sa cuti sur le sujet, peut-être par le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, mais pas encore par la Commission européenne, qui fait des misères à la France. Au gouvernement de faire la synthèse de tous ces avis.
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