Après la plainte au pénal déposée par une jeune femme de 18 ans visant le Gardasil (Sanofi Pasteur MSD) et l’Agence du médicament, les experts s’inquiètent du discrédit jeté sur les vaccins. Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) avec l’un ou l'autre des deux vaccins disponibles (Gardasil et Cervarix) chez les jeunes filles dès l’âge de 11 ans.
Dans un avis de 2011 publié après que des cas possibles d’effets indésirables aient été rapportés le HCSP soulignait : « A ce jour, la notification de ces quelques cas ne constitue pas un signal de pharmacovigilance ». Il estimait le nombre total de manifestations auto-immunes (démyélinisation aiguë centrale et périphérique, lupus érythémateux systémique, thyroïdite, diabète insulinodépendant, purpura thrombopénique idiopathique) après 5 années d’utilisation du Gardasil et 3 années d’utilisation du Cervarix dans le monde à moins de 6 cas pour 100 000 « bien inférieur à celui attendu dans la population générale ».
Aucun signal
Quant aux données nationales, le HCSP estimait qu’elles étaient cohérentes avec les taux de notification estimés pour le bilan international. « Des millions de doses du vaccin ont été distribuées à travers le monde, en particulier lors de campagnes massives de vaccination en Australie, aux États-Unis, au Royaume-Uni, des pays dont les dispositifs de pharmaco-vigilance ne sont pas les plus mauvais. Aucun signal n’est ressorti. Ce qu’a confirmé l’ANSM dans son récent rapport remis dans le cadre du dispositif spécifique cas-témoins centré sur les maladies auto-immunes mis en place en 2007 », explique ce lundi au « Quotidien » le Pr Daniel Floret, président du Comité technique des vaccinations du HCSP.
Du côté de l’ANSM où le Gardasil bénéficie d’une surveillance renforcée, Nicolas Ferry souligne « qu’après un suivi de trois ans, la survenue de SEP ou de maladies auto-immunes n’est pas plus fréquente chez les jeunes filles vaccinées (30 %) que chez les jeunes filles non vaccinées ». Et de rappeler : « Chaque jour, trois femmes meurent du cancer de l’utérus en France ».
Aucune preuve scientifique
Le laboratoire Sanofi Pasteur MSD confirme avoir été informé le 18 septembre 2013 des conclusions de la Commission régionale de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux (CRCI) de Bordeaux suite à une demande d’indemnisation reçue le 28 janvier 2012 concernant la survenue d’une sclérose en plaques chez une jeune fille au décours d’une vaccination par Gardasil. « La CRCI a retenu une imputabilité de la pathologie à la vaccination à hauteur de 50 %. Sanofi Pasteur MSD conteste cette conclusion, en contradiction avec les données de la littérature scientifique et les avis des autorités de santé nationales et internationales », indique le laboratoire dans un communiqué. Le laboratoire regrette que ces conclusions « qui ne sont fondées sur aucune preuve scientifique, jettent le discrédit sur le vaccin Gardasil et la vaccination anti-HPV en général ».
C’est fort de ces conclusions que l’avocat de la jeune fille, Me Jean-Christophe Coubris, a déposé une plainte simple vendredi auprès du parquet du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour « atteinte involontaire à l’intégrité de la personne humaine ». La jeune fille alors âgée de 15 ans a reçu le 11 octobre 2010 puis le 13 décembre 2010 deux injections de Gardasil effectuées par son médecin traitant. Les premiers troubles sensitovomoteurs des membres supérieurs sont survenus 15 jours après la première injection avant de régresser spontanément et progressivement. Trois mois après la seconde injection, la patiente est hospitalisée pour des troubles évoquant une sclérose en plaques ou une encéphalomyélite aiguë disséminée.
Imputabilité médico-légale
Dans leur rapport, les experts mandatés par la CRCI, précisent qu’il « n’existe aucun argument scientifique en faveur de l’incrimination du Gardasil comme facteur causal des pathologies inflammatoires démyélinisantes du système nerveux central ». Ils estiment en revanche « que la cascade inflammatoire démyélinisante post-vaccinale ayant atteint l’intéressée présente tous les caractères objectifs d’imputabilité médico-légale ».
Quant à la commission elle précise que « le rapport bénéfice/risque en termes de santé publique n’est pas discutable » mais évalue l’imputabilité totale de la vaccination sur le dommage actuel à 50 %. Ce qui fait dire au Pr Floret : « Le fait qu’il y ait une plainte ne prouve pas qu’il y ait un problème ».
Le vaccin est recommandé par l’OMS, les autorités sanitaires américaines (FDA), l’Agence européenne du médicament et le Haut Conseil de la santé publique en France. Et « il reste recommandé en France », indique Nicols Ferry.
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