Le président des États-Unis, Barack Obama, a présenté ce vendredi un plan national pour « prévenir les épidémies d’infection par bactéries antibiorésistantes, maintenir l’efficacité des antibiotiques actuels et futurs, et développer la prochaine génération de traitements, d’outils diagnostiques et de vaccins ».
Ce plan, fruit du travail d’une task force mandatée en septembre dernier, présente des objectifs pour le moins ambitieux : réduire de 50 % l’incidence des infections par Clostridium difficile d’ici à 2020 (par rapport aux niveaux de 2011), de 60 % les infections nosocomiales par entérobactéries résistantes aux carbapénèmes, de 35 % les infections par Pseudomonas multirésistantes, et diviser par deux la prévalence des infections par staphylocoques dorés résistants à la méthicilline.
Un milliard de dollars en 2016
Le financement annoncé atteint un milliard de dollars rien que pour l’année 2016. Il n’est cependant pas encore acquis, et dépendra de l’accord du Congrès américain. L’antibiorésistance est un problème pris très au sérieux aux États-Unis, où elle serait à l’origine de 23 000 décès annuels selon le CDC. Un plan d’élimination des antibiotiques de l’élevage y avait d’ailleurs été lancé fin 2013. Plus récemment, le président Barack Obama avait proposer de doubler les fonds alloués à la lutte contre l’antibiorésistance suite à l’infection de près de 200 personnes par une entérobactérie résistante aux carbapénèmes.
Un accent mis sur la surveillance
Parmi les moyens proposés pour atteindre ces objectifs, le plan de la Maison Blanche propose, entre autres, de centraliser les données de plusieurs dispositifs de surveillance, comme le réseau national de sécurité des soins (National Healthcare Safety Network), le système national de surveillance des résistances aux antimicrobiens (NARMS) et le programme des infections émergentes (EIP).
Les auteurs estiment qu’il faudrait établir un réseau de laboratoires régionaux, avec des pratiques standardisées, pour tester et décrire les souches bactériennes multirésistantes circulantes. Le plan prévoit également de financer des travaux sur de nouveaux tests de dépistage rapide et d’identification des bactéries antibiorésistantes, sur des vaccins et de nouveaux antibiotiques.
Miser sur les microbiotes
Le rapport préconise un signalement systématique auprès des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) de toute prescription d’antibiotiques et des résistances observées par les praticiens, ainsi que la distribution de tests de diagnostics rapides. Ces deux mesures doivent permettre de réduire la délivrance d’antibiotiques inappropriées.
Les experts réunis par la Maison Blanche ont également évoqué la recherche sur le microbiote des animaux d’élevage et l’utilisation de la bactériothérapie comme des moyens efficaces pour traiter les infections animales sans recourir à l’antibiothérapie. Le plan espère qu’au moins trois traitements probiotiques pour animaux verront le jour d’ici à 2020, ainsi que deux nouveaux candidats antibiotiques, vaccins ou traitements non conventionnels pour les humains.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation