Dans une note d’étape, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) constate que les données scientifiques actuellement disponibles « ne permettent pas d’identifier de bénéfice ni de conclure sur le risque lié à la consommation des édulcorants intenses pendant la grossesse ». Après avoir une première fois examiné, en 2011, deux récentes études d’envergure remettant en cause l’innocuité de l’aspartame, l’ANSES a mis en place un groupe de travail chargé d’évaluer les bénéfices et les risques sanitaires d’ordre nutritionnel des édulcorants intenses. À la demande du ministère de la Santé, l’agence a d’abord concentré son évaluation sur les femmes enceintes. Selon une étude INSERM citée dans la note de l’ANSES, plus de 7 femmes enceintes sur 10 seraient consommatrices d’édulcorants intenses (aspartame, cyclamate, saccharine, acésulfame K…) à des niveaux qui ne dépasseraient toutefois pas les doses journalières admissibles (DJA) à ce jour établies.
Le groupe de travail de l’ANSES souligne que l’évaluation des bénéfices et des risques de la consommation d’édulcorants intenses chez la femme enceinte se heurte à une littérature encore insuffisante. Sur un nombre très limité d’articles scientifiques, le groupe n’en a retenu que quatre parmi lesquelles figure l’étude danoise publiée en 2010 dans l’« American Journal of clinical nutrition » (Halldorsson et al.), laquelle a déjà donné lieu à débat au sein de l’ANSES et de son homologue européenne (EFSA).
Un nombre d’études limité.
Incluant 59 334 femmes enceintes, cette étude prospective met en évidence une « association statistiquement significative entre la consommation de boissons contenant des édulcorants intenses » et « la fréquence des accouchements prématurés significativement induits » (sans distinguer le type d’édulcorant intense contenu dans la boisson). Les experts de l’ANSES estiment que « malgré le sérieux et les forces de cette étude (…) certaines limites méthodologiques (…) font qu’il est impossible, sur la base de cette seule étude, de conclure sur le risque d’accouchement prématuré lié à la consommation de boissons édulcorées gazeuses chez les femmes enceintes ». De nouvelles recherches s’avèrent donc nécessaires, « d’autant plus que l’étude d’Halldorsson fait état d’un effet-dose entre la consommation de boissons édulcorées et le risque d’accouchement prématuré induit », reconnaît l’agence. L’augmentation de ce risque passe ainsi de 27 % pour une boisson contenant un édulcorant consommée par jour à 78 % pour plus de quatre boissons quotidiennement.
Réagissant à cette note d’étape de l’ANSES, le réseau environnement santé (RES) « se félicite » de la prise de position de l’agence sur l’absence de bénéfice nutritionnel concernant les édulcorants intenses. Le RES regrette toutefois que l’ANSES « n’aille pas jusqu’au bout de sa logique » au sujet de l’aspartame. Dans la mesure où cette substance n’a pas de bénéfice nutritionnel, le risque suspecté chez les femmes enceintes « est encore moins acceptable », argumente le RES qui estime que l’étude d’Halldorsson apporte suffisamment d’arguments en faveur d’un risque. Les industriels de l’agroalimentaire réunis au sein de l’Association internationale des édulcorants (ISA), accueillent « avec intérêt » la note d’étape de l’ANSES. Aux yeux de ces derniers, cette note « atteste à nouveau de l’innocuité des édulcorants pour les femmes enceintes ».
Le travail d’évaluation de l’ANSES va se poursuivre « pour la population générale et pour toutes les tranches d’âge » et pourrait aboutir à de nouvelles recommandations « sur la base de l’ensemble des données disponibles ». De son côté, l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) doit rendre cette année ses conclusions sur les risques spécifiques de l’aspartame, susceptibles de conduire à la réévaluation de la DJA du produit.
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