Les autorités sanitaires américaines ont publié le 3 octobre de nouvelles recommandations visant à aider les médecins à prescrire des antalgiques opioïdes, que la douleur soit aiguë ou chronique (au-delà de trois mois) malgré le risque de dépendance.
Les Centres de contrôle des maladies (CDC) révisent ainsi les principes édictés en 2016, qui étaient destinés à juguler l'épidémie d'overdoses par opioïdes aux États-Unis, mais contestés par des patients atteints de douleurs chroniques.
Suppression des seuils pour le dosage ou la durée
Contrairement au précédent document, le nouveau guide se garde de fixer des seuils en termes de dosage ou de durée de prescription.
Interprétés de manière rigide, ces derniers avaient conduit des médecins à couper subitement ou réduire drastiquement les doses de patients prenant des opioïdes. Des États et des compagnies d'assurances s'en étaient aussi inspirés pour fixer leurs propres limites.
Des patients atteints de douleurs chroniques s'étaient plaints de ne plus avoir accès aux médicaments leur permettant de mener une vie normale et avaient mis en garde contre le risque aggravé de suicide. Les nouvelles recommandations, réunies dans un rapport de 200 pages, cherchent la ligne d'équilibre.
Un Américain sur cinq souffre de douleurs chroniques et « les opioïdes peuvent être des médicaments essentiels » pour gérer leurs souffrances, alors même qu'« ils présentent des risques considérables », relèvent d'emblée les auteurs du document.
Selon eux, pour peser ce « bénéfice-risque », rien ne vaut le jugement des médecins exercé sur la base d'un examen clinique personnalisé des patients. Les nouvelles recommandations « ne doivent pas être appliquées comme une norme inflexible », soulignent les CDC.
En seconde intention
Les opioïdes ne doivent être envisagés qu'après échec d'autres traitements antidouleur et à chaque étape, les médecins doivent discuter avec leurs patients, préconisent les autorités.
S'ils décident de recourir aux opioïdes, les médecins doivent d'abord « prescrire la plus faible dose efficace », puis surveiller de près les effets du traitement.
En cas de problème, les médecins doivent également « éviter de mettre un terme de manière abrupte à la prescription d'opioïdes » et doivent s'assurer que les personnes « ayant un problème d'usage reçoivent les soins nécessaires ».
Par précaution, « nous recommandons en cas d'usage prolongé d'opioïdes d'offrir du Naloxone », un antidote pouvant sauver une personne en train de faire une overdose, a précisé lors d'un point presse Christopher Jones, un haut responsable des CDC.
Les prescriptions d'opioïdes ont été multipliées par quatre entre 1999 et 2010 aux États-Unis. Même si la tendance s'est inversée depuis 2016, elles ont créé des dépendances et poussé certains patients à se tourner vers des drogues comme l'héroïne et/ou vers des mésusages du fentanyl. L'an dernier, les États-Unis ont enregistré un record de 107 000 décès par overdose, dont plus de 70 % aux opioïdes de synthèse illégaux.
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