Lors de leur accouchement, les femmes ne sont pas suffisamment informées des raisons et des conséquences du déclenchement ou de l’accélération du travail. C’est ce que révèle une enquête du collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE), menée entre le 29 février et le 24 mars 2012, sur internet, auprès de 4 400 femmes. Les premiers résultats portent sur 3 979 réponses de femmes ayant accouché en milieu hospitalier classique, hors pôle physiologique, pavillon ou maison de naissance.
À plus de 90 % les raisons invoquées pour provoquer le déclenchement sont d’ordre médical. « Cependant un tiers des femmes qui ont été déclenchées disent ne pas avoir reçu d’information sur cette intervention et 36 % d’entre elles n’ont pas été sollicitées pour donner leur consentement », précise le CIANE. Informations et consentements sont liés, car plus on informe les femmes, plus on leur demande leur accord. « Il y a néanmoins 22 % des femmes à qui l’on demande un consentement sans leur fournir d’information sur le déclenchement », poursuit l’association. L’étude montre également qu’en cas de refus, le déclenchement peut tout de même avoir lieu : 2 % des femmes déclenchées disent l’avoir été contre leur volonté.
De plus, le déclenchement de l’accouchement est associé à un taux significativement plus important d’interventions avec un taux de césarienne multiplié par 2,4, 30 % d’épisiotomies en plus, 50 % de forceps, ventouses, spatules en plus, et 25 % de péridurales supplémentaires. « La lecture des témoignages qu’elles ont laissés permet de préciser le tableau : beaucoup de femmes considèrent que si elles avaient été correctement averties des conséquences possibles du déclenchement, elles s’y seraient opposées », souligne le CIANE.
Un vécu dégradé.
Les femmes ont un vécu sensiblement dégradé de leur accouchement, que ce soit sur le plan physique ou psychologique. Ainsi 36 % ont mal ou très mal vécu leur accouchement sur le plan psychologique, contre 21 % n’ayant pas eu de déclenchement. Ce rapport est de 33 à 20 % sur le plan physique.
Cette mauvaise expérience découle également de l’administration d’ocytocine, environ 30 % des femmes qui en ont reçu ont un mauvais souvenir de leur accouchement contre 14 % qui n’en ont pas reçu. « Un faisceau de présomptions conduit à penser que l’administration d’ocytocine pendant le travail se fait à l’insu des femmes dans un quart des accouchements non déclenchés », explique l’association. « En tout état de cause, 55 % des femmes qui disent avoir reçu de l’ocytocine n’ont pas été sollicitées pour exprimer leur consentement. »
Le Collectif interassociatif autour de la naissance demande une extension des études sur les raisons qui poussent au déclenchement. « Il est en effet temps d’évaluer sereinement la pratique du déclenchement : il est possible qu’elle permette d’éviter certaines césariennes, mais dans d’autres cas elle induit probablement des interventions inutiles », note le collectif. Il demande également que des actions soient entreprises pour que l’information délivrée aux femmes soit conforme a minima aux recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) sur le déclenchement et à celles du Collège national des gynécologues obstétriciens français sur le dépassement de terme. L’objectif est qu’un vrai dialogue puisse s’installer entre médecins et patientes pour qu’elles puissent participer aux décisions qui les concernent.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité