CAUSE FRÉQUENTE de mortalité chez l’adulte de plus de 65 ans, l’anévrisme de l’aorte abdominale (AAA) est responsable chaque année d’environ 6 000 décès en France. La fréquence de l’AAA augmente régulièrement avec l’âge, de 0,5 % à 60 ans à 5 % à 75 ans. Les hommes étant 5 à 10 fois plus concernés que les femmes. Par rapport à un non-fumeur, un long passé de tabagisme actif multiplie par 6 ou 7 le risque d’anévrisme (et de 1,5 à 3,5 pour un ancien fumeur). Parce que l’AAA est le plus souvent silencieux avant qu’il ne se complique, le dépistage permet d’agir rapidement sur les gros anévrismes mis à jour et de ralentir l’évolution des petits anévrismes découverts. Contrairement à certains pays européens où le dépistage est organisé, en France, la Haute Autorité de santé (HAS) s’oriente a priori dans ses recommandations attendues en juin prochain vers un dépistage opportuniste. En d’autres termes, l’information sur les critères de dépistage de l’AAA doit être connue de tout le corps médical, notamment des médecins généralistes. Ce dépistage dure moins de 5 minutes et consiste en un simple examen échographique non invasif. Dans ses recommandations publiées en 2006, la Société française de médecine vasculaire (SFMV) a ciblé les patients à dépister en priorité : hommes et femmes d’au moins 50 ans avec un ascendant direct porteur d’un anévrisme de l’aorte ; hommes et femmes entre 60 et 75 ans fumeurs ou anciens fumeurs ; femmes de 60 à 75 ans fumeuses et/ou hypertendues.
Buzz des médecins.
La SFMV, en association avec la Société française de tabacologie (SFT), a décidé d’organiser une journée de dépistage gratuit, la première du genre, baptisée « Opération Vesale 2012 » du nom d’Andreas Vesalius (1514-1564) qui décrivit l’anévrisme artériel. Ce jeudi, dans 59 villes de France (métropole et DOM TOM, sauf la Guyane), près de 350 médecins vasculaires membres de la SFMV seront mobilisés afin de réaliser ce dépistage en partenariat avec leurs correspondants médecins généralistes au sein de 72 centres implantés dans des mairies, hôpitaux et cliniques volontaires. Le dépistage sera ouvert de 9h à 17 heures, sans rendez-vous. La liste des centres participants est disponible sur le site Internet www. sfmv-vesale.fr
« L’originalité de notre démarche, c’est qu’on a aucun sponsor », explique le Dr Jean-Pierre Laroche qui coordonne l’opération Vesale. « C’est la SFMV qui a donné de l’argent pour réaliser du matériel de communication ». Pour le reste, ce sont surtout les médecins bénévoles qui ont dû faire le "buzz" autour d’eux. Et ça marche. « Aujourd’hui, sur google, on a 2 700 occurrences sur l’opération Vesale ». En un mois et demi, près de 7 700 connexions sont recensées sur le site sfmv-vesale.fr. Depuis un mois, les médecins généralistes sont sensibilisés à l’opération et ont reçu une affiche à placer dans leur salle d’attente mentionnant les populations dans lesquelles l’anévrisme de l’aorte abdominale doit être dépisté. Un document d’information sur l’AAA d’ores et déjà téléchargeable sur le site internet de l’opération Vesale sera remis dans les centres aux patients. Lors de la journée de dépistage, en cas de découverte d’un anévrisme, le médecin vasculaire participant à l’opération remplit avec le patient une fiche complète de recueil des données, validée par la SFMV. Une lettre est adressée médecin généraliste du patient qu’il doit recontacter. Le médecin participant au dépistage pourra aussi téléphoner directement au médecin traitant si la situation du patient l’exige. En cas de petit anévrisme (entre 30 et 50 mm de diamètre de l’aorte), un suivi échographique régulier sera nécessaire. « Pour ces petits anévrismes, le dépistage doit aussi générer une prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire », souligne le Dr Laroche. « Il faut savoir que plus de la moitié des patients ayant un anévrisme meurt d’une complication cardiovasculaire ou du cancer du fumeur », ajoute-t-il. Pour les gros anévrismes (diamètre supérieur à 50/55 mm), le patient sera orienté vers une équipe médico-chirurgicale pour chirurgie directe ou mise en place d’une endoprothèse aortique par voie fémorale. Enfin, les patients dépistés ayant donné leur autorisation seront rappelés par téléphone à 3 mois afin d’évaluer l’impact de ce dépistage.
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