Vingt-deux médecins et chercheurs (*) déplorent dans une tribune publiée dans le « Journal du Dimanche » et cosignée avec le Pr Mahmoud Zureik, que la levée progressive des restrictions prévue par le gouvernement face au Covid-19, avec notamment le 19 mai la réouverture des magasins, des lieux culturels et des terrasses, soit « davantage guidée par des desseins politiques que par un objectif sanitaire ».
Soulignant que « d'après l'Institut Pasteur, seul un scénario optimiste permettrait d'éviter un rebond épidémique durant l'été », ils rappellent aussi que le conseil scientifique affirmait le 21 avril que la situation sanitaire restait « préoccupante ».
« Plutôt que de formuler un objectif à atteindre, comme le seuil des 5 000 nouveaux cas par jour (...) les annonces présidentielles officialisent un "frein d'urgence" ou "de reconfinement" fixé à 400 nouveaux cas pour 100 000 habitants, contre 250 auparavant, et associé à des critères aussi flous que l'"augmentation brutale du taux d'incidence" ou la "menace de saturation des services". »
Appel à mettre en place un nouveau protocole national
« Nous assistons à l'officialisation du passage d'une gestion active à une gestion passive de l'épidémie. Il s'agit là d'un pari audacieux, avec un seuil particulièrement élevé et ne répondant pas à des objectifs de contrôle », poursuivent les signataires, parmi lesquels des urgentistes, des généralistes, des chercheurs.
Ils redoutent qu'un assouplissement trop hâtif des restrictions expose le « système de santé à une situation durablement tendue, au prix de nombreux décès directs et indirects, sans compter les personnes souffrant de "Covid long" ».
« Après un an de privations, la France aspire à reprendre une vie satisfaisante. Mais cela ne peut se faire que sur des bases scientifiques », disent-ils encore, appelant « à la mise en place d'un nouveau protocole national, qui fixe des seuils précis, déclenchant des mesures automatiques, décidées et débattues à l'avance ».
Mesurer la concentration en CO2
Dans la lignée des recommandations du Haut Conseil de la sécurité publique (HCSP), ils préconisent de garder les fenêtres ouvertes dans les classes des écoles pour favoriser la circulation de l'air et de ne pas occuper une salle lorsque la concentration en dioxyde de carbone y est supérieure à un seuil de 800 ppm. « Des filtres Hepa et des autotests systématiques complètent ce dispositif qui permet un bon contrôle du risque de contamination aérienne » écrivent-ils.
« Pour lutter efficacement contre le virus, il ne faut plus être dans le déni ni dans la pensée magique, ni invisibiliser la maladie et ses conséquences », jugent ces médecins et chercheurs.
(*) Mahmoud Zureik est Pr d'épidémiologie et de santé publique à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Les signataires de cette tribune sont issus de trois collectifs : « Du côté de la science », « Écoles et familles oubliées », « Association Après J20 ».
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