L'étude européenne ESPAC-4, déjà présentée lors du dernier congrès de l'ASCO (American Society of Clinical Oncology) en juin 2016, valide ses résultats dans une publication du « Lancet ».
L'association de gemcitabine et de capécitabine devrait devenir le nouveau standard de chimiothérapie adjuvante dans le cancer du pancréas ayant pu être opéré et ainsi remplacer la gemcitabine seule. La survie était meilleure de façon significative, au prix d'une toxicité « acceptable », selon les auteurs.
Ce progrès ne concerne malheureusement qu'un petit pourcentage des patients, ceux dont la tumeur est localisée et résécable. On estime que le cancer du pancréas peut être opéré dans seulement 5 à 10 % des cas.
Double de patients en vie à 5 ans
Dans cette petite sous-population de patients, les 3 essais précédents ESPAC (European Study Group for Pancreatic Cancer) avaient montré les bénéfices sur la survie à 5 ans de la gemcitabine adjuvante par rapport au 5-FU, à la chimioradiothérapie ou à l'absence de chimiothérapie. Les moins bons résultats étaient observés dans le groupe sans chimiothérapie avec seulement 8 % des patients en vie à 5 ans.
Dans cet essai randomisé chez 730 patients mené dans 92 hôpitaux de Grande-Bretagne, d'Allemagne, de France et de Suède, tous les participants avaient été opérés avec une résection macroscopiquement complète (R0 section à distance de la tumeur ou R1 au ras de la tumeur).
Dans l'étude ESPAC-4, le nombre de patients ayant une survie supérieure à 5 ans a quasi doublé, avec un chiffre de 28,8 % dans le groupe gemcitabine + capécitabine par rapport à 16,3 % dans le groupe gemcitabine.
La survie totale médiane était améliorée de quelques mois, passant de 25,5 mois dans le groupe gemcitabine à 28 mois dans le groupe gemcitabine + capécitabine.
Le défi du diagnostic précoce
Pour l'auteur principal, le Pr John Neoptolemos, de l'université de Liverpool : « C'est l'une des plus grandes avancées pour prolonger la survie des patients ayant un cancer du pancréas. Quand cette association deviendra le nouveau standard de traitement, cela offrira de précieux mois et années de vies aux patients vivant avec la maladie. La différence à court terme peut paraître modeste, mais l'amélioration de la survie à long terme est substantielle pour ce type de cancer ».
La toxicité dans le groupe gemcitabine + capécitabine comportait un peu plus de neutropénies de grade 3 ou 4 (38 % versus 24 %) mais peu de neutropénies fébriles, comme dans le groupe gemcitabine seule, et moins d'infections invasives. Le syndrome main-pied spécifiquement lié à la capécitabine était assez peu fréquent (7 %) et pris en charge en diminuant la dose de l'anticancéreux.
Dans un éditorial attaché, les oncologues suisses Gaël Deplanque et Nicolas Demartines saluent ces résultats « modestes » mais « encourageants » dans une maladie à la mortalité très forte. Alors que la chirurgie n'est proposée qu'à un petit sous-groupe, le défi à venir selon eux est d'arriver à diagnostiquer plus tôt, pour proposer davantage l'option chirurgie et garantir la résection la plus favorable qui soit. Dans ESPAC-4, les patients ayant les marges d'exérèse les plus favorables (résection R0) tiraient le plus grand bénéfice de la chimiothérapie gemcitabine + capécitabine, avec une survie médiane de 39,5 mois par rapport à 23,7 mois en cas de résection moins favorable R1.
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