Alors que l'utilisation de l'imagerie par résonance magnétique (IRM) est considérée comme sans danger pour le fœtus au cours des deuxième et troisième trimestres de grossesse, des doutes existent quant à son innocuité lors du 1er trimestre.
Des chercheurs de Toronto, au Canada, ont étudié la survenue d'éventuels effets indésirables à long terme liés à une exposition du fœtus à une IRM au cours du 1er semestre de grossesse. Les résultats de leurs investigations ont été publiés dans la revue JAMA le 6 septembre 2016.
Plus d'un million de naissances étudiées
L'équipe d'Alison L. Park a ainsi collecté les données de santé de 1 424 105 naissances survenues après 20 semaines dans la province de l'Ontario, au Canada, entre 2003 et 2015. Parmi ces grossesses, 1 sur 250 (soit 5 654 grossesses) avait été exposée à une IRM et, parmi celles-ci, 1 sur 1 200 (représentant 1 737 grossesses) avait subi l'IRM pendant le 1er trimestre de grossesse.
Les chercheurs ont ensuite étudié, pour les femmes ayant effectué une IRM au cours du 1er trimestre, la moralité des bébés in utero et à la naissance (jusqu'à 28 jours après la naissance), les anomalies congénitales, les tumeurs et les pertes de vision et d'audition survenues chez ces enfants avant l'âge de 4 ans.
Les résultats montrent qu'une IRM au cours du 1er trimestre de grossesse n'augmente aucun de ces risques, à l'exception d'une perte de vision identifiée dans un sous-groupe de l'étude lorsque l'exposition à une IRM a lieu entre la 5e et la 10e semaine.
L'utilisation de gadolinium lors des IRM en question
Aux cours de leurs travaux, les scientifiques canadiens se sont également penchés sur les effets potentiellement délétères de l'utilisation du gadolinium pour des IRM effectuées pendant toute la grossesse. Le gadolinium, agent contrastant, est en effet suspecté d'être responsable de fibrose néphrogénique systémique (FNS) chez les adultes insuffisants rénaux chroniques. Selon l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, son utilisation n'est pas recommandée en cas de grossesse, « sauf si le tableau clinique l'exige ».
Partant du constat que la FNS est probablement sous-diagnostiquée chez les jeunes enfants, les auteurs ont choisi d'évaluer l'apparition d'une large gamme de symptômes rhumatologiques, inflammatoires et cutanés pouvant être des indicateurs de cette pathologie. Ils ont ainsi constaté que l'utilisation de gadolinium augmentait le risque de développer ce type de symptômes.
Ils ont aussi observé une élévation du risque de mortalité in utero et de mort néonatale, bien que ces événements ne se soient produits que dans 7 cas sur les 397 étudiés. « Dans l'attente d'études complémentaires, ces résultats suggèrent que l'utilisation du gadolinium comme agent contrastant devrait être évitée pendant la grossesse », concluent-ils.
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