LES BÉBÉS de l’étude ELFE, lancée en avril 2011, ont soufflé leur première bougie, mais il faudra encore attendre pour les résultats, qui devraient être livrés aux chercheurs en 2013, pour des publications en 2014. « Comparer les études de cohortes longitudinales est nécessaire », explique Henri Leridon, directeur de recherche à l’Institut national des études démographiques (INED), conseiller scientifique d’ELFE et co-directeur de l’. « D’une part on y est incité par les instances scientifiques et financières, d’autre part, il faut recueillir un maximum d’informations à l’étranger pour mettre en perspective les résultats de la cohorte ELFE qui est une première en France », précise-t-il également en tant que co-directeur de l’European Child Cohort Network (EUCCONET) dont la conférence se tient à Paris, du 29 au 31 octobre.
Plusieurs études longitudinales sont en cours. La Grande-Bretagne, qui fournit un important bataillon de chercheurs à la conférence parisienne (100 sur 270 inscrits), a une longue expérience des cohortes depuis 1946 (la National Birth Cohort, toujours suivie), jusqu’à la plus récente lancée en 2000-2001, la Millenium cohort study, qui devrait être suivie par un projet ambitieux axé sur la santé d’ici 2015. Aux États-Unis, la National children study espère recruter 100 000 enfants avant 2014. « Ils ont un budget annuel de 150 millions d’euros par an. La cohorte ELFE, et ses 18 000 enfants, a un budget de 20 000 euros par an », compare Henri Leridon. La Norvège et le Danemark ont aussi recruté 100 000 femmes enceintes mais, pour un moindre coût, privilégient un travail sur fichier aux enquêtes auprès des familles.
Les comparaisons internationales ne sont pas sans ambiguïtés. « Certains acteurs estiment que si les études ont été conduites à l’étranger, il n’y a pas besoin de les mener en France », pointe le chercheur de l’INED. Au contraire, certains facteurs (environnementaux notamment) ne sont pertinents qu’à l’échelle nationale. Sans compter que les méthodes ne sont pas toujours homogènes, ni les calendriers, respectés : « nous espérions lancer ELFE en 2008, cela a pris 3 ans supplémentaires », constate Henri Leridon.
Donner du sens.
La mise en commun d’études épidémiologiques à l’échelle internationale permet néanmoins de mettre à profit leurs conclusions qui, isolément, restent muettes. Marie-Aline Charles est épidémiologiste et directrice de l’étude ELFE. Son étude pilote s’inscrit dans le programme européen ENRIECO sur l’exposition aux agents chimiques ou physiques de l’environnement ; 36 cohortes dont ELFE y participent, soit 350 000 mères et enfants. « C’est d’autant plus important de partager les méthodes, de répliquer et de confirmer les résultats dans d’autres contextes, que les dosages sur des polluants émergents sont chers », explique-t-elle.
La confrontation de plusieurs dizaines d’études a confirmé que l’exposition maternelle pendant la grossesse à certains polluants organiques comme les PCB s’accompagne d’une diminution faible mais significative du poids de naissance. « Une à une, les cohortes n’arrivent pas à conclure. Quand on les compare, on observe un écart de 150 grammes entre les femmes peu et très exposées aux PCB », résume Marie-Aline Charles. La collaboration internationale est aussi fructueuse pour analyser des risques spécifiques, comme le tabagisme limité à la grossesse. « En confrontant ces petits groupes, on constate une augmentation du risque d’asthme par 1,6 ou 1,7 ».
La pertinence scientifique des comparaisons internationales se vérifie aussi quand il s’agit d’appréhender les déterminants sociaux de la santé au moyen d’études longitudinales traçant les expositions de l’enfance au début de la vie adulte. Selon Jean-Louis Lanoë, coordinateur des sciences sociales d’ELFE, les études transversales ne permettent pas de déterminer le sens des causalités entre mauvaise santé et statut social dégradé, tandis que des cohortes depuis la naissance « autorisent une approche renouvelée des déterminants sociaux de la santé ».
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