« Entre dépendance et abstinence, y a-t-il une troisième voie ? » Cette question vient d’être posée lors de la 42e Matinée scientifique de l’Institut de recherches scientifiques sur les boissons (IREB) consacrée au traitement de l’alcoolo-dépendance.
La prise en charge du malade alcoolique a fait l’objet, ces dernières années, d’une importante évolution liée notamment avec l’arrivée de nouveaux traitements susceptibles d’agir sur la modification de consommation d’alcool.
Le Pr Michel Hamon, vice-président du comité scientifique de l’IREB et professeur de neuropharmacologie à l’université Pierre-et-Marie-Curie (Paris), a présenté en introduction une synthèse des voies de recherche actuelles les plus prometteuses sur le traitement de la maladie alcoolique. Il a rappelé que l’alcool est une molécule neurotoxique qui pénètre dans le cerveau et agit sur de nombreux médiateurs aussi bien lors d’une exposition aiguë que chronique. « Les récentes molécules agissent principalement sur les neuromédiateurs cérébraux qui entraînent une réduction de la consommation spontanée d’alcool. Ces nouvelles molécules dont le baclofène (agoniste des récepteurs GABA-B) et le nalmefène (antagoniste des récepteurs opioïdes) remettent en question le principe de l’abstinence comme seule voie de traitement », souligne-t-il. Cependant, ajoute le Pr Michel Hamon, « ce ne sont pas des molécules faciles à utiliser ».
Recherches en cours
De nombreuses recherches pharmacologiques sont en cours. Enfin, les effets épigénétiques de l’alcool sont de nouvelles cibles qui ouvrent des perspectives encourageantes de traitement agissant en amont des troubles neurobiologiques à l’origine des comportements addictifs de la maladie alcoolique. Les travaux sont actuellement en cours.
Pour le Pr Raymund Schwan (psychopharmacologue, spécialiste des thérapies comportementales et cognitives et de la médecine de la dépendance, Nancy), « l’abstinence totale n’est plus la seule voie de traitement des patients présentant un mésusage d’alcool, alors qu’elle a été pendant longtemps la référence de l’ensemble des dispositifs de soins et d’évaluation des traitements ».
L’option thérapeutique diminution de la consommation d’alcool accompagnée d’un suivi psychothérapique ne doit pas être négligée. Des études montrent qu’une réduction de 36 g d’alcool par jour en partant de 96 g de consommation quotidienne s’accompagne d’une diminution de la mortalité de 119/10 000 et ce ne sont pas les plus gros buveurs qui bénéficient en termes de santé de la diminution de la consommation quotidienne d’alcool. Aujourd’hui, seulement 10 à 30 % des patients bénéficient des programmes de consommation contrôlée d’alcool.
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