MÉDICAMENTS, radiographie, conservation des aliments, électronique embarquée, optique… Le champ d’application des nanotechnologies est aussi large que générateur de craintes. « Beaucoup de ces produits sont encore mal connus et leurs propriétés (...) ont besoin d’être affinées afin de les utiliser au mieux de leurs possibilités tout en réduisant à un niveau acceptable les risques éventuels pour l’humain comme pour l’environnement », souligne un groupe de travail de l’Académie des technologies qui émet « 11 recommandations pour renforcer l’évaluation des risques » au sein des projets utilisant ces nouveaux matériaux. Les experts suggèrent en premier lieu de bien évaluer la balance bénéfices/risques. « À chaque fois que l’on crée un nanomatériau susceptible de diffuser des nanoparticules, il faut intégrer l’évaluation des risques dès le début de l’étude de conception du produit ... Parallèlement à l’estimation des bénéfices attendus par la société », expliquent-ils. De même, les risques doivent être évalués a priori avant toute mise sur le marché en s’inspirant de ce qui se fait dans d’autres domaines (médicaments, chimie, alimentation). Pour mieux connaître et caractériser les dangers des nanoparticules, ils conseillent de renforcer fortement les compétences françaises en métrologie, en toxicologie, en écotoxicologie, en épidémiologie et en connaissance des risques accidentels (explosion et incendie de poussières très fines). Pour connaître et caractériser les expositions, l’Académie recommande « d’améliorer la connaissance sur les scénarios d’exposition, les expositions réelles aux nanoparticules pouvant présenter un risque aussi bien dans l’environnement qu’au poste de travail ou sur les lieux de vie » tout en renforçant les recherches sur les bio-indicateurs. « À ce titre, l’application, lorsqu’il sera promulgué, du projet de décret relatif à la déclaration des produits contenant des nanoparticules contribuera à cette connaissance des expositions potentielles », note le groupe de travail « Nanoparticules ».
Évaluation a priori
À l’avenir tous les projets financés par les pouvoirs publics et les collectivités territoriales devraient « consacrer de 5 à 10 % de chaque budget de recherche sur les nanoparticules manufacturées à l’étude des risques et aux moyens de les prévenir ». Au niveau de l’exposition en milieu professionnel, le groupe de travail recommande l’adoption de mesures de précaution et de prévention des risques en portant une attention particulière aux PME « qui ne possèdent pas toujours l’infrastructure de protection » et au monde de la recherche « pas toujours sensibilisé aux risques ». Du côté des consommateurs, la traçabilité des produits se doit d’être améliorée avec « un marquage et/ou un étiquetage des nanomatériaux contenant des nanoparticules susceptibles de diffuser au cours de leur cycle de vie ». Enfin, l’Académie recommande d’« accélérer la prise en compte des nanomatériaux dans les instances de normalisation (ISO-OCDE-AFNOR) et les règlements européens (plus particulièrement REACH ». Le rapport du groupe de travail « Nanoparticules » sera prochainement disponible sur le site Internet de l’Académie des technologies.
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