Le Prix Nobel de médecine François Jacob est décédé vendredi 19 avril à l’âge de 92 ans. Ses travaux en génétique, notamment sur la compréhension des mécanismes d’échange de gènes entre bactéries et la description de l’opéron lactose de la bactérie Escherichia coli ont été récompensés par le prix Nobel de médecine en 1965, qu’il partagea avec Jacques Monod et André Lwoff.
François Jacob appartenait à plusieurs institutions prestigieuses : il fut titulaire de la chaire de génétique cellulaire (créée pour lui) au Collège de France (1964-1991), membre de l’Académie des sciences (1977), de l’Académie Française (1996), et du comité national d’éthique (1992) et chancelier de l’Ordre de la Libération (2007-2011).
Hasard et nécessité
Né en 1920 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), le jeune François interrompt ses études de médecine - il se destine à la chirurgie - en juin 1940 pour s’engager dans les Forces Françaises libres (FFL) à Londres. Officier du service de santé des armées, il participe aux campagnes en Libye (Fezzan et Tripolitaine), en Tunisie et en France. En août 1944, une semaine après le débarquement en Normandie de la 2e DB qu’il a intégré, il est grièvement blessé et passe 7 mois au Val-de-Grâce.
En 1947, il obtient son doctorat en présentant une thèse sur la tyrothricine mais renonce à la chirurgie, ses blessures de guerre le faisant trop souffrir. « Par nécessité intérieure et hasard extérieur », il raconte dans son autobiographie « La Statue intérieure » (1987) se tourner alors vers la biologie. Il intègre le service de physiologie microbienne d’André Lwoff, à l’Institut Pasteur, en 1950. Il y mènera toute sa carrière : assistant en 1951, docteur es Sciences en 1954, grâce à sa thèse sur la lysogénie bactérienne et le concept de provirus, il devient directeur de laboratoire en 1956, puis chef du nouveau service de génétique cellulaire en 1960 jusqu’en 1991. Il préside le conseil d’administration de l’Institut Pasteur de 1982 à 1988.
La vie des bactéries
Poursuivant les travaux d’André Lwoff sur les bactéries lysogènes, François Jacob cherche à comprendre pourquoi lorsqu’elles sont infectées par un bactériophage, virus spécifique des bactéries, elles peuvent se multiplier indéfiniment en perpétuant le génome du virus, intégré à leur propre génome (forme non infectieuse appelée prophage). Avec Jacques Monod, ils imaginent la fameuse expérience du PyJaMa qui aboutira à la description du modèle de l’opéron qui allait bouleverser les représentations de l’époque en introduisant pour la première fois la notion de gènes régulateurs. En 1961, la revue « The journal of Molecular biology » publie les résultats de leurs travaux. Seulement quatre ans plus tard les deux hommes se verront décerner le Prix Nobel associés à André Lwoff.
En 1970, il se fait connaître du grand public en publiant chez Gallimard « La logique du vivant, une histoire de l’hérédité », que le philosophe Michel Foucault qualifiera de « plus remarquable histoire de la biologie jamais écrite ».
Veuf de la pianiste Lysiane Bloch, épousée en 1947, avec qui il avait eu 4 enfants dont Odile (fondatrice des éditions éponymes), il s’était remarié en 1999 avec le Dr Geneviève Barrier, fondatrice du SAMU à Paris.
Hommages
Le président de la République François Hollande a salué « l’un des pionniers de la génétique » et « un grand résistant ». « Il aura su allier le courage de ceux qui ont combattu, notamment au sein des Forces françaises libres, à la passion qui anime ceux pour qui la connaissance ne peut avoir de limite », a souligné le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
« C’est une personnalité d’exception, celles dont le parcours et l’engagement font la fierté de notre pays, qui disparaît », a déclaré la ministre de l’Enseignement supérieur Geneviève Fioraso, qui a aussi rappelé que l’Institut Pasteur lui a dédié en novembre 2012 son nouveau centre consacré aux maladies émergentes.
La ministre de la Santé Marisol Touraine a rendu hommage à un « grand chercheur, un grand médecin, une de ces personnalités fortes pour qui l’exigence de la vérité et de la science permettait d’écrire l’histoire ».
Les honneurs militaires, présidés par François Hollande, seront rendus à François Jacob mercredi, aux Invalides.
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