26 octobre 2022. On ne peut pas dire que le programme de Marine Le Pen, quand elle n’était encore que candidate à l’élection présidentielle, se distinguait par une profusion de mesures dans le domaine de la santé. Mais il est une antienne que, de meeting en meeting, elle ne manquait jamais d’évoquer devant les foules qui venaient l’acclamer : la suppression de l’Aide médicale d’État (AME), qui permet aux étrangers en situation irrégulière d’accéder aux soins.
Cette promesse emblématique du nouveau quinquennat va devenir réalité dès le mois de janvier 2023, a précisé Matignon en dévoilant ce matin le premier Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) de la nouvelle majorité.
Et ce n’était pas chose aisée, pour un Éric Zemmour qui étrenne encore son nouveau costume de premier ministre, que de présenter cette réforme. Rappelons que l’AME avait fait l’objet d’âpres débats lors de la « primaire patriote » qui a départagé les deux candidats d’extrême-droite au mois de février dernier : Marine Le Pen envisageait une suppression pure et simple de l’AME, tandis que son rival malheureux, se voulant plus pragmatique, entendait préserver un accès aux soins urgents pour les sans-papiers.
C’est finalement une mesure de compromis qui a été présentée par l’ex-éditorialiste du Figaro : les titulaires de l’Aide d’urgence d’État (AUE, nouveau nom de l’AME) pourront accéder aux soins uniquement dans les services d’urgence des hôpitaux publics. Ceux-ci devront, grâce à une subvention exceptionnelle financée dans le cadre du PLFSS, se doter au sein de leurs locaux d’un bureau pouvant accueillir la police aux frontières. Une fois les premiers soins administrés, ce sont les uniformes bleus qui prendront le relais des blouses blanches.
Coût faramineux
« La France reste le grand pays d’humanité qu’elle a toujours été, mais les migrants doivent savoir que nos neurologues, oncologues et autres cardiologues sont très occupés et doivent prioriser les patients français », s’est félicitée la présidente de la République depuis Moscou, où elle effectue actuellement sa première visite d’État.
Dans l’opposition, les commentaires ont bien entendu été plus que mitigés. Valérie Pécresse, qui conteste toujours sa défaite au deuxième tour de l’élection d’avril, s’est alarmée du « coût faramineux » que les bureaux de la police aux frontières représentent pour les comptes publics. « Dès que le Conseil constitutionnel aura invalidé ce scrutin truqué, nous ferons voter un projet de loi rectificatif », a averti celle qui reste présidente de la région Île-de-France.
Agnès Buzyn invoque les droits de l'Homme
Le Pr Agnès Buzyn, tout juste arrivée de Genève pour prendre la tête du parti macroniste après la déroute de la présidentielle, a de son côté soulevé l’incompatibilité des mesures envisagées avec la Convention européenne des droits de l’Homme. « Cela ne tiendra pas une seconde devant quelque juridiction que ce soit », a déclaré l’ex-ministre de la Santé devant les caméras venues l’accueillir à la gare de Lyon.
Du côté de la société civile, on attire l’attention sur les questions de santé publique posées par la nouvelle AUE. « Combien de diagnostics retardés, combien de contaminations évitables, combien de complications la suppression de l’AME va-t-elle provoquer ? », s’est, dans une vidéo qui a beaucoup ému les réseaux sociaux, demandé le Dr Carine Rolland, présidente de Médecins du Monde. Celle-ci a également évoqué le risque que faisait peser la mesure sur les traversées de la Manche tentées par les exilés. « Nos équipes dans le Nord et le Pas-de-Calais notent déjà une recrudescence des tentatives d’embarcation en small boat », a averti l’humanitaire dans la même vidéo.
Cette publication a par ailleurs dû être retirée de la chaîne YouTube de l’association, en raison du nombre de commentaires enfreignant les conditions d’utilisation de la plateforme qu’elle a suscités chez des partisans de la nouvelle majorité.
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