«Ce sont les premières bonnes nouvelles depuis longtemps pour les vaccins anti-stade sanguin visant Plasmodium falciparum», souligne le Dr Christopher Plowe, dont l’équipe à l’université du Maryland (Baltimore) a dirigé l’essai, en collaboration avec l’université de Bamako au Mali et d’autres chercheurs. «Le fait que nous ayons constaté une protection partielle contre le paludisme a revigoré ce domaine de recherche. Ceci nous laisse espérer que nous pourrons créer un vaccin contre le stade sanguin en incluant une combinaison précise des souches requises pour protéger contre les principaux types de paludisme».
A ce jour aucun vaccin n’est disponible contre le paludisme, qui demeure le problème majeur de santé publique que l’on sait en Afrique (90% des cas), en Asie et en Amérique latine.
Un vaccin multistade, multi-antigène.
Les candidats vaccins ciblant le stade sanguin du Plasmodium (responsable des symptomes cliniques de la parasitose) visent à inhiber l’invasion du globule rouge par les parasites (mérozoites) afin de réduire la morbimortalité du paludisme. Ils sont développés dans l’espoir de créer un vaccin multistade, multi-antigène.
L’un de ces vaccins est nommé FMP2.1/ASO2. Il contient une forme recombinante (FMP2.1) de l’antigène AMA-1 (apical membran antigen 1) exprimé au stade érythrocytaire (et pré-érythrocytaire) de la souche 3D7 du Plasmodium Falciparum, ainsi que l’adjuvant ASO2.
Un essai de phase 1 avait montré l’immunogénicité et la sécurité de ce vaccin chez des adultes et enfants maliens.
Dans un essai de phase 2, 400 enfants maliens ont été randomisés en double insu pour recevoir soit le vaccin antipaludique, soit un vaccin témoin (contre la rage). Ils ont été suivis pendant 6 mois, durant lesquels a été suivi le taux de paludisme clinique (défini par une fièvre et au moins 2500 parasites par mm3 de sang), ainsi qu’un critère secondaire qui était le taux de paludisme clinique causé par les parasites ayant une séquence AMA1 trouvée dans la souche vaccinale.
Le principal résultat est decevant: les enfants ayant reçu le vaccin antipaludique déclarent presque autant d’accès palustres que ceux ayant reçu le vaccin témoin (48% contre 54%), donnant une faible protection de seulement 17%.
L’antigène AMA1.
Toutefois, en séquençant le gène AMA1 du parasite sanguin recueilli durant les accès palustres, les chercheurs ont pu constater que le vaccin était hautement protecteur contre les parasites dont l’antigène AMA1 correspondait a celui de la souche vaccinale, offrant une protection de 64%.
«Si ces résultats sont confirmés, l’antigène AMA1 pourrait être utile dans un vaccin antipaludique multicomposant», concluent les chercheurs.
Le candidat vaccin le plus avancé actuellement est RTS,S/ASO1 qui cible le stade pré-érythrocytaire du parasite, afin de bloquer l’invasion des hépatocytes par le Plasmodium. En combinant un vaccin bloquant l’infection, tel que RTS,S/ASO1, dont l’efficacité protectrice n’est que de 50%, avec un vaccin anti-stade sanguin protégeant contre la maladie clinique, les chercheurs espèrent obtenir des taux de protection suffisamment élevés pour éradiquer complètement le paludisme.
New England Journal of Medicine, 15 septembre 2011.
Article précédent
Un espoir avec le vaccin MSP3 contre le paludisme
Des candidats vaccins antipaludisme
Un vaccin anti-paludisme encourageant en phase III
Un espoir avec le vaccin MSP3 contre le paludisme
Un vaccin antipaludique cible le stade sanguin de l’infection
Vaccination, soutien aux soignants, IVG : le pape François et la santé, un engagement parfois polémique
« Je fais mon travail de médecin » : en grève de la faim, le Dr Pascal André veut alerter sur la situation à Gaza
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale