« Ce jour-là, j’ai l’impression d’avoir pris un coup de bambou sur la tête. Tout a commencé par un appel de Santé publique France me prévenant que l’une de mes associées, qui avait ausculté quelques jours auparavant un patient, était probablement porteuse du Covid-19. C’était un mercredi matin, fin février, et la salle d’attente était bondée de familles avec des enfants. Je leur ai tout de suite demandé de sortir du cabinet en expliquant qu’un patient contaminé était passé là et que le virus était là. Nous étions au début de l'épidémie.
Le lendemain, nous avons pu continuer à consulter. Par précaution, nous avions mis des vieux masques que j’ai failli jeter il y a trois mois et demandé aux patients d’attendre leur consultation dans leur voiture. Ma consœur que j'ai pu joindre rapidement a été testée positive au coronavirus. Commence alors la période de confinement de 14 jours pour moi et mes associées jusqu’au 7 mars. Là aussi, on nous a promis des combinaisons, des masques mais il n’y a rien eu… C’est là où j’ai commencé à comprendre qu’on manquait de moyens de protection.
Puis arrive le confinement général. Au cabinet, nous avons mis en place un protocole de sécurisation pour les patients. Ils doivent d’abord me laisser un message et en fonction de la demande, je propose une téléconsultation ou je les fais venir. Dans ce cas, ils doivent attendre dans la voiture avant qu'on aille les chercher. Je ne vous cache que j’ai peur comme tout le monde.
J'ai le sentiment d'une impréparation complète de l'État. Pourquoi n’a-t-il pas une vision sur six mois de ce type de crise sanitaire ? Pour nous, généralistes, mais aussi pour les autres professionnels de santé de première ligne. Nous nous sentons totalement abandonnés, pas de masques, pas de moyens de protection ! C'est comme si nous n’existons pas. Les leçons devront être tirées une fois le confinement passé. L’idée d’une commission d’enquête ne doit pas être vécue comme une agression mais une aide pour mieux comprendre et préparer l'avenir ».
Dr Françoise Courtalhac, 65 ans, généraliste à La Croix-Saint-Ouen (Oise)
Article suivant
« Nous craignons que beaucoup de malades psychiatriques ne décompensent »
« Nous nous sentons totalement abandonnés »
« Nous craignons que beaucoup de malades psychiatriques ne décompensent »
« L'entraide et la bienveillance sont essentielles »
« Une belle claque d'humilité »
« On tient le coup en faisant tourner notre personnel »
« Je veux garder la tête froide »
« Nous avons découvert notre interdépendance »
« J'ai participé à la régulation au sein de la cellule de crise »
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier