Lutter contre « le grand déclassement », retrouver « l’honneur du travail », réparer l’école, « reprendre le contrôle de notre politique migratoire », créer un « électrochoc d'autorité », etc. : la santé ne figure pas au rang des priorités de Michel Barnier. Pour trouver le mot « santé » dans son projet, il faut chercher dans le volet sécurité — où figure un passage sur la drogue, « poison pour la santé individuelle » — et au chapitre du travail. Car à ses yeux, le taux de chômage et l’âge de départ à la retraite minent notre protection sociale, ce qui conduit à « menacer des politiques essentielles » dont la sécurité, l’éducation et la santé.
Mais cela ne signifie pas que ce Savoyard de 70 ans, plusieurs fois ministre dans les gouvernements Balladur, Juppé, Raffarin et Fillon, ne s’exprime pas sur la santé. Dans « L’Express », il a défendu « un grand plan de recrutement, de formation et d'investissements pour nos hôpitaux publics ». Il se fait même l'avocat d’un « choc d'attractivité » passant par l'augmentation des salaires, l'amélioration des conditions de travail et la lutte contre la « surenchère administrative ». Il estime à cet égard que le Ségur a été « une formidable occasion manquée, une rustine ». Contactée par « Le Quotidien », la directrice de campagne du candidat, Marie-Claire Carrère-Gée, précise que Michel Barnier prévoit des états généraux sur l'hôpital pour faire évoluer la gouvernance et lancer un chantier de débureaucratisation. L'enjeu est aussi de prolonger les innovations mises en place par les soignants durant la crise sanitaire, ainsi que les coopérations avec le privé. Autre proposition : la construction de maisons des internes « partout où elles seront nécessaires ».
Pour lutter contre les déserts médicaux, le M. Brexit de l'UE avance, non pas une solution miracle, mais plusieurs réponses, ajoute sa directrice de campagne : aménagement du territoire (réindustrialisation, services publics, modernisation d'infrastructures de transport, haut débit) ; élargissement des possibilités de stage des internes, tant dans les cliniques qu'en médecine générale ; éventuelle prolongation d'un an de l'internat en médecine générale. L'ex-député européen estime aussi qu'il faudra « beaucoup plus d'assistants médicaux pour libérer du temps médical ».
Pas de Grande Sécu
Côté financement de la santé, Michel Barnier est hostile au projet de Grande Sécu, porteur à ses yeux d'« étatisation ». Il prône un « dialogue nourri » avec l'Assurance-maladie et les complémentaires. Pour lutter contre la fraude sociale, il mise sur la carte Vitale biométrique systématique car il y aurait « 2,5 millions de plus de personnes qui ont des droits ouverts » par rapport à la population du pays.
Celui qui joue la carte de l'expérience s’est enfin illustré en s’exprimant souvent sur l’épidémie. En juillet, il n'avait pas hésité à réclamer la « vaccination obligatoire pour tout le monde ». Il a plaidé récemment pour le rétablissement des tests gratuits pour les non-vaccinés. L'ex-ministre de l'Environnement (de 1993 à 1995) a d'ailleurs critiqué vertement le pilotage de la crise sanitaire. « L'État a voulu gérer cette crise tout seul pendant trop longtemps et on en mesure les conséquences », analyse-t-il. Il considère que l’exécutif a « oublié les communes, les départements, les régions mais aussi les vétérinaires, pharmaciens et médecins libéraux qui avaient un rôle à jouer ».
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