Protection sociale et organisation des soins

Les idées décapantes d’un ancien patron de la CNAM

Publié le 16/03/2015
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Crédit photo : Cocktail Santé

Il a été à la tête de la CNAM entre 1991 et 1996. Cinq années pendant lesquelles le leader FO a essayé de maîtriser les dépenses de santé dans le cadre conventionnel avant de se confronter à la rude réforme Juppé de la Sécu.

Près de vingt ans plus tard, Jean-Claude Mallet a trouvé une nouvelle « caisse » de résonance. Avec plusieurs amis, il a fondé en 2009 un club de réflexion sur l’avenir de la protection sociale (CRAPS), organisme reconnu d’intérêt général par la direction générale des finances publiques. Financé grâce à des partenariats avec des entreprises (ERDF), des assureurs (AG2R, Malakoff Médéric, GMF) ou des mutuelles (Istya, Intériale), le CRAPS se veut un « laboratoire d’idées » indépendant de toute attache politique, philosophique ou religieuse. Il planche sur l’assurance-maladie, la médecine de ville, l’hôpital, la famille, la vieillesse, la dépendance ou le handicap.

« Nous essayons de répondre à une question, explique Jean-Claude Mallet. Comment concilier les exigences économiques avec les principes d’égalité et de solidarité sur la base d’une répartition équilibrée des richesses ? » L’association compte 150 membres d’horizons différents dont le sénateur honoraire UMP Charles Descours, l’ex n°2 de Pôle emploi Hervé Chapron, le Dr Michel Chassang président de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL), les anciens directeurs de la CNAM Frédéric van Roekeghem et Gilles Johanet mais aussi Denis Gautier-Sauvagnac, ex-dirigeant de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM)...

Fermer le secteur II à terme

À travers son site, sa web-TV et un magazine numérique, ou de dîners débats, le CRAPS aspire à devenir une « référence » dans le secteur de la protection sociale. « Il faut mettre à plat le financement du système et ne pas exclure d’augmenter les cotisations patronales et salariales mais aussi la CSG », explique Jean-Claude Mallet. « Les lois de financement de la Sécu ont un inconvénient majeur, affirme-t-il. Leur réflexion est limitée à un an. Il faudrait pouvoir se projeter sur dix ans. »

Le club de réflexion n’oublie pas l’organisation des soins. « Il est insupportable qu’il y ait des zones sans médecins », clame Jean-Claude Mallet, qui conserve sa propre liberté de ton. L’ancien syndicaliste invite à redessiner la carte sanitaire des hôpitaux et des médecins libéraux afin de garantir un « accès à des soins rapides ». Certes, le CRAPS ne veut pas remettre en cause la liberté d’installation, fondement de la médecine libérale. « En revanche l’assurance-maladie a une mission de service public, nuance Jean-Claude Mallet. Les médecins doivent pouvoir choisir l’endroit où ils veulent travailler mais là où la densité médicale est trop forte, il faut la baisser. » Ce qui signifie limiter le conventionnement dans ces zones très surdotées.

Le président du think tank défend la fermeture du secteur II à terme, avec un secteur optionnel majorant le tarif des actes dans les zones sous denses. Il se dit favorable à l’exercice en maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), à la télémédecine, mais aussi aux réseaux de soins mutualistes « si on impose à tous les mêmes règles ».

Christophe Gattuso

Source : Le Quotidien du Médecin: 9395