La consommation de substances psychoactives est la cause de plus de 100 000 décès évitables en France chaque année. Face aux problèmes posés par les addictions, les ARS de cinq grandes régions dont la Bourgogne-Franche-Comté ont lancé le projet Equip’Addict. Avec l’appui de la Coordination nationale des réseaux de microstructures (CNRMS), « un socle commun a été défini avec tous les acteurs afin de définir le principe de base organisationnel et économique de ce projet » explique Cécile Lumiere, pilote du dispositif « Innovation en santé » dans cette région.
D’un point de vue médical, « on sait que, dans la région, la moitié des décès prématurés pourrait être évitée par une réduction des comportements à risque et des addictions ou par une meilleure prise en charge par le système de soins », observe Corinne Le Denmat, référente médicale addictologie pour l’ARS Bourgogne-Franche-Comté. Or dans de nombreux territoires, l’offre de soins proposée aux patients présentant des comportements addictifs peut être améliorée. D’un côté, les médecins généralistes se sentent peu à l’aise face à ces pathologies. D’autre part, les centres de soins sont parfois difficiles d’accès pour ces patients. « Mon village se trouve à 20 km d’un tel centre, témoigne le docteur Bernard Caule, médecin généraliste en microstructure à Orgelet dans le Jura et coordonnateur médical du projet. Certains patients ne pouvaient pas s'y rendre ». D’où la volonté d’améliorer le maillage territorial des prises en charge et offrir un accès à des soins de proximité pour des patients habitant en zone rurale.
Une offre transversale
Les microstructures proposées par le projet Equip’addict sont un moyen d’atteindre cet objectif. Elles sont articulées entre les trois autres secteurs intervenant déjà dans le domaine de l’addictologie : sanitaire, médico-social et ambulatoire. Autour d'une équipe pluridisciplinaire composée d’un psychologue, d’un travailleur social et du médecin généraliste dans son cabinet. Le cas de chaque patient est analysé par ce trio à l’occasion de réunions de concertation afin de définir un parcours de soins adapté. Cette ossature peut être renforcée ponctuellement par d’autres professionnels comme le pharmacien d’officine, un psychiatre, un diététicien… Un forfait annuel vient, à hauteur de 529 € par patient, financer le dispositif.
« La transversalité est importante dans le parcours de soins en addictologie, précise la Dr Corinne Le Denmat. Il doit être fluide pour assurer la continuité des prises en charge et éviter les décrochages ». Au centre de ce dispositif, la microstructure centralise les informations relatives aux traitements, coordonne les différents soins prodigués et travaille en réseau avec l’hôpital et le secteur médico-social, en particulier les CSAPA.
« Il a été montré précédemment que le fonctionnement en microstructures donne, dans un certain nombre de domaines, des résultats supérieurs à ceux obtenus avec une offre de soins conventionnelle » analyse la référente médicale. Pour les patients, dans un premier temps, cette démarche propose une offre de soins de proximité et non stigmatisante. « Les patients ne sont pas jugés, sont écoutés et ont devant eux une équipe sur laquelle ils peuvent compter » confirme le Dr Bernard Caule.
Un travail entre fédérations
Cette organisation a pu voir le jour car « les acteurs indispensables à un tel projet ont répondu présents » précise le médecin. Cette expérimentation s’appuie sur les compétences de ces intervenants dont la FeMaSCo (Fédération des maisons de santé et de l’exercice coordonné) qui réalise de la coordination médicale et administrative, travaille en collaboration étroite avec la Fédération Addiction et l’ANPAA (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie). Cette coordination entre plusieurs acteurs « permet de lancer des dynamiques et un meilleur partage des connaissances » précise Cécile Lumiere.
Au plus fort de l’expérimentation, 12 structures de ce type doivent être mises en place, chacune devant accueillir 42 patients. À l’issue des trois années d’expérimentation, une évaluation en lien avec la CNRMS « permettra, j’en suis sûr, espère le Dr Bernard Caule, de voir tout l’intérêt que les patients ont d’être accompagnés ainsi ».
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