Malgré un dérapage historique, l’assurance-maladie a fait le choix d'amortir les chocs, écartant toute cure d’austérité. Pour l'an prochain, les économies programmées dans son rapport dit « charges et produits » sont deux fois moins élevées qu'en 2020 : 1,07 milliards d'euros (tableau détaillé) au lieu de 2,07 milliards.
L'activité libérale (médecins, dentistes, kinés…) s'étant effondrée pendant plusieurs mois, il semble en effet peu opportun de réclamer des efforts supplémentaires. Quant à l’hôpital, il est largement épargné. Aucune économie n’est citée sur la liste en sus ou la chirurgie ambulatoire, deux postes qui représentaient 300 millions d'efforts en 2020.
Néanmoins, l'assurance-maladie mise sur la pertinence et le bon usage pour traquer les « dépenses inutiles ». Pour 2021, la juste prescription est au cœur de ses actions pour accompagner les prescripteurs sur les antidiabétiques (25 millions) ou les hypolipémiants (35 millions). Les anti-PCSK9 feront l'objet d'une mise sous demande d'accord préalable « d'ici à la fin de l'année 2020 » pour éviter 10 millions d'euros de prescriptions non conformes.
Nouveauté, la caisse mise sur la dispensation adaptée, un dispositif conclu avec les pharmaciens qui permet aux officinaux d'ajuster la délivrance de la quantité pertinente de médicaments (laxatifs, antidouleurs et AINS, antispasmodiques, etc.). Quant à la diffusion des génériques, elle doit procurer 45 millions. Le taux de recours à la mention non substituable (NS) est tombé à 3,2 % en 2020 (4,6 points de moins que fin 2019).
L'approche médicalisée s’applique aussi à l’imagerie avec une prolongation des actions négociées avec les radiologues (imagerie lombaire, produits de contrastes, radios du thorax, etc.). Même démarche contractuelle avec la biologie. Plutôt que des décotes tarifaires unilatérales, la spécialité et la CNAM ont renégocié leur protocole qui privilégie la pertinence des actes (dosage d'hormones thyroïdiennes, choix des examens en cas de suspicion de carence en fer, etc.). Nouveauté : la caisse espère éviter 5 millions d'euros sur les opérations de chirurgie bariatrique à la faveur d'une procédure d'accord préalable dématérialisée.
L'assurance-maladie entend enfin capitaliser sur l'essor des usages numériques – en particulier le déploiement à grande échelle de la télémédecine. De quelques milliers de téléconsultations chaque semaine avant la crise, le nombre d'actes à distance a bondi à un million par semaine (pour revenir à 650 000). Pour que cette « bascule » ne soit pas un feu de paille, la CNAM pourrait prolonger certaines mesures dérogatoires ou transitoires mises en place pendant l'état d'urgence sanitaire.
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