La première lecture du projet de loi de santé a démarré à l’Assemblée nationale. Chaque article sera passé au peigne fin pendant deux semaines. À l’appel de nombreux syndicats, une nouvelle journée de grève baptisée journée « santé morte » a été organisée dans toute la France. Récit de cette journée insolite dans la capitale.
Dès 11 heures, sous un ciel gris, plombant, la place derrière l’Assemblée nationale se remplit lentement. L’Union française pour la médecine libre (UFML), accompagnée du « Mouvement pour la santé de tous » (qui regroupe 45 organisations), a lancé l’action « Tous enfants d’Hippocrate », un slogan qui met l’accent sur l’unité des médecins et des soignants, et sur les valeurs de liberté et de solidarité.
Tentes, pancartes et slogans
L’UFML a planté deux tentes blanches, chauffées mais sensibles au vent, destinées à accueillir les députés prêts à débattre et à dialoguer. Des petits groupes de trois à quatre individus se forment un peu partout sur la place et poussent la chansonnette sur des airs de Serge Gainsbourg.
Les blouses blanches affluent, stéthoscope en bandoulière, brassard noir. Les médecins de toutes les spécialités n’ont pas hésité à fermer leur cabinet pour manifester. « Je viens de Toulouse et je n’ai pas hésité une seule seconde », lance une neurologue. D’autres médecins, généralistes ou spécialistes, arrivent d’Angers, de Rennes ou de Nancy.
Un peu plus loin, quelques manifestants portent des pancartes de type « carte Vitale », sur lesquelles les portraits de Manuel Valls et François Hollande sont associés aux slogans « Péril pour la santé des Français » ou « Fatal pour l’hospitalisation privée ».
L’ambiance est calme, l’heure n’est pas à la démonstration de force comme le 15 mars. « On est venus pour échanger avec les parlementaires », précise le Dr Jérôme Marty le président de l’UFML.
Cliniques solidaires
Mais le combat se poursuit. « On est solidaire de la médecine libérale, si demain elle n’est plus là, il n’y aura plus d’hospitalisation privée », réaffirme Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP). « Les arguments que l’on développe depuis des mois ne sont pas entendus et les avancées sont des avancées fictives qui ne fonctionneront pas. La claque de dimanche n’a pas été assez forte », poursuit-il, en référence à la défaite de la gauche aux départementales.
Certains préparent l’étape suivante. Le BLOC envisage un « blocage sanitaire » lors de l’examen au Sénat (été ou septembre). La FHP pourrait suivre ce mouvement des blocs opératoires. « Le débat parlementaire s’ouvre dans un contexte de déroute pour le gouvernement après des élections sévères », prévient le Dr Philippe Cuq, coprésident du BLOC.
Députés et buralistes
Après le déjeuner, des députés arrivent. Le Dr Bernard Accoyer (UMP), membre de la Commission des affaires sociales, discute avec le Dr Jérôme Marty, qui lui inflige un « petit coup de pression » au sujet de l’article 1 sur la responsabilité de l’État dans la définition de la politique de santé. « Cette loi est dangereuse sur le plan éthique, déontologique et économique », indique-t-il.
D’autres échanges ont lieu entre leaders syndicaux et élus (la communiste Jaqueline Fraysse, le centriste Philippe Vigier...). Le Dr Éric Henry, président du SML, met l’ambiance au micro. Il appelle au « retrait » de la loi. La foule reprend ses mots.
Plus tard encore, des dizaines de membres de Radio France, en grève depuis 13 jours, s’invitent sur la place du Palais-Bourbon. Les buralistes sont eux aussi mobilisés, inquiets du renforcement de la lutte anti-tabac et du paquet neutre en 2016. Ils avaient prévu de « baisser le rideau » dans toute la France.
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