Le passage à 11 vaccinations obligatoires a débuté le 1er janvier 2018, et les décrets d’application devraient paraître vers le 20 janvier. Agnès Buzyn est revenue lors d’une conférence de presse sur les modalités de cette extension, et a assumé ce changement, dans un but de prévention et de santé publique.
Tous les enfants nés à partir du 1er janvier 2018 doivent dorénavant être vaccinés contre 11 maladies (diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, rougeole, oreillons, rubéole, Hæmophilus influenzae de type B, hépatite B, pneumocoque, et méningocoque C). Ces vaccinations pourront s’effectuer en 10 injections, réalisables en 6 rendez-vous, rappels compris, avant les 18 mois de l’enfant. Elles conditionneront l’entrée des enfants en collectivités (crèches, écoles, etc.).
« Pas de vaccin contre les théories du complot »
La ministre de la Santé a insisté sur la nécessité de se vacciner, pour soi-même et ses proches, et en particulier pour protéger ceux qui ne peuvent pas (ou pas encore) être vaccinés. Elle a aussi souligné qu’il ne s’agissait pas d’un énorme bouleversement puisque « 70 % des enfants sont déjà vaccinés contre ces 11 maladies », et que « les collectivités vérifient déjà l’obligation vaccinale pour les inscriptions en collectivités pour le DTP, elles le feront dorénavant pour 8 vaccins supplémentaires ». Il s’agit pour elle de « rassurer ceux qui ont des craintes, s’interrogent, ou ont été déstabilisés… même si je sais qu’il n’y a aucun vaccin contre les théories du complot ».
Elle s’est ainsi insurgée contre ceux qui colportent de telles théories ou remettent en cause l’efficacité et la sûreté des vaccins, affirmant avec force que « les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités. Je les assume et j’en suis fière. Nous rendrons transparents la totalité des effets indésirables mais il ne va rien se passer de dramatique. »
Rappelant la place des médecins, elle a rappelé que bien sûr, « aucun médecin ne peut obliger une famille qui ne veut pas faire vacciner son enfant, mais il doit prendre le temps du dialogue et de l’information. » Concernant les enfants nés avant 2018, rien ne change mais Agnès Buzyn a souligné qu’elle « comptait sur les professionnels de santé pour inciter les parents de ces enfants à réaliser quand même les vaccins nouvellement obligatoires ».
Le rôle majeur de l’immunité de groupe
Le Dr Daniel Lévy-Bruhl, de Santé publique France, est revenu sur les chiffres des couvertures vaccinales. « La vaccination par le ROR stagne en France depuis 11 ans (elle est en effet à environ 90 % pour l’injection d’une dose depuis 2007, et est passée de 61 à 77 % pour l’injection de deux doses depuis 2007, d’après la DREES, N.D.L.R.), restant en deçà du seuil de 95 % », a-t-il indiqué.
« C’est aussi le cas pour d’autres vaccins comme celui contre l’hépatite B ou le méningocoque. » Or, a-t-il poursuivi, les épidémies de rougeole ou d’infection à méningocoque ont montré que la grande majorité des cas avaient lieu chez les personnes non (ou insuffisamment) vaccinées. Mais certains surviennent aussi chez des nourrissons non encore vaccinés ou chez des personnes immunodéprimés… « pour qui la seule protection possible passe par l’immunisation collective », a insisté le Dr Lévy-Bruhl.
Pas d’inquiétude sur les ruptures de vaccins
La Ministre de la santé est aussi revenue sur les risques de pénurie de vaccins. « Aujourd’hui, ces ruptures touchent des vaccins qui ne concernent pas la petite enfance, ou sont des vaccins de rattrapage », a-t-elle précisé. « Ainsi, le Pneumovax, qui connaît des tensions d’approvisionnement, est destiné aux plus de 2 ans, tandis que le Prevenar ne connaît pas de rupture. De plus, toutes les dispositions ont été prises, avec l’ANSM et les industriels, pour que des ruptures ne surviennent pas pour les vaccins de la petite enfance. »
À lire dans nos colonnes et sur le site lundi, l'interview exclusive d'Agnès Buzyn sur la mise en œuvre de l'extension vaccinale, ainsi que sur la restructuration hospitalière et la permanence des soins.
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