L'arrivée du Dr Olivier Véran au ministère de la Santé ne doit pas grand-chose au hasard. Jamais officiellement demandeur mais souvent pressenti à Ségur, le neurologue hospitalier engagé et député remuant depuis 2012 attendait son heure. Car tout dans le parcours de ce médecin ambitieux le prédestinait à ce maroquin.
Grenoblois, 40 ans dans quelques semaines et père de deux enfants, Olivier Véran est avant tout médecin et ne manque jamais de le mentionner. « Il se trouve que ce matin, comme tous les lundis matin, j'étais censé être en consultation avec ma blouse blanche », a-t-il habilement précisé dès la passation des pouvoirs avec Agnès Buzyn le 17 février. Comme praticien hospitalier, le Dr Véran a toujours exercé au CHU de Grenoble où il a notamment dirigé l'hôpital de jour de neurologie. C'est dans ce même établissement qu'il a fait son internat… Et découvert les joies du militantisme.
En 2007, il participe activement aux grèves des internes contre la remise en cause de la liberté d'installation. L'année suivante, il est élu vice-président et porte-parole de l'Intersyndicat national des internes des hôpitaux (ISNIH). Ce mandat, écrit-il sur son site internet, lui permet de « constater l'attachement profond des Français, usagers comme professionnels de santé, à un système égalitaire et solidaire ».
De l'engagement syndical à l'engagement politique il n'y a qu'un pas, qu'Olivier Véran n'a pas hésité à franchir en 2012 pour les législatives. Il est alors suppléant de Geneviève Fioraso, candidate socialiste dans la première circonscription de l'Isère. Victorieux, il prend sa place entre juillet 2012 et août 2015, cette dernière étant occupée au ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche. Il se frotte finalement aux urnes en 2015 pour les régionales mais surtout en 2017 où il est élu député en son nom avec l'étiquette de la République en Marche. Entre-temps, l'ambitieux a bien tenté de ravir en 2016 à Frédéric Valletoux la tête de la Fédération hospitalière de France (FHF) mais échoue à quelques voix près.
Un feu follet à l'assemblée
Le nouveau ministre est donc rompu au suffrage universel et maîtrise sur le bout des doigts les rouages parlementaires. Deux différences de taille avec son prédécesseur, nommée en 2017 à Ségur vierge de toute élection et restée jusqu'alors relativement à l'écart du monde politique.
Au palais Bourbon, le député Véran fait feu de tout bois. Il s'illustre notamment par son infatigable engagement sur les sujets de santé publique. Parmi ses réalisations les plus marquantes figurent le Nutri-score, l'interdiction du recours à des mannequins en état de dénutrition manifeste ou la suppression de la discrimination des personnes homosexuelles dans le don du sang. Trois mesures portées en 2015 lorsqu'il était rapporteur de la loi Touraine dont il était proche. C'est lui aussi qui, la même année, a défendu un amendement ouvrant la voie à l'expérimentation des salles de consommation à moindre risque.
L'élu isérois n'est pas en reste sur les questions relatives à l'organisation du système de soins. En tant que rapporteur (en 2014 et depuis 2017) du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), il a défendu la création des hôtels hospitaliers et plus récemment l'expérimentation d'un forfait de réorientation aux urgences. Il est aussi l'auteur de plusieurs rapports parlementaires, dont l'un, en 2013 sur l'intérim médical, toujours cité comme référence.
C'est finalement un proche d'Emmanuel Macron (il était son référent santé pendant la campagne présidentielle) qui entre avenue de Ségur, deux ans et demi après avoir été écarté de justesse au profit d'Agnès Buzyn.
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