À 52 ans, la Dr Delphine Bagarry a déjà plusieurs vies. Mère de cinq enfants, un parcours d'urgentiste ponctué par l’ouverture d’un cabinet en médecine générale et carrière politique déjà riche, même si la candidate de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) – après avoir quitté LREM en 2020 – n’a jamais cessé de pratiquer.
En 2005, elle s’installe en libéral à Riez (Alpes-de-Haute-Provence) pour exercer » la « médecine de campagne » dans son « village familial ». Confrontée aux « difficultés d’accès aux soins des femmes en milieu rural », elle se forme à l’échographie et aux IVG, confie-t-elle. Quinze ans plus tard, elle exerce toujours dans le même cabinet, une demi-journée par semaine, pour faire des « IVG en ambulatoire ».
Conseillère municipale de 2001 à 2014, elle devient conseillère départementale sous l’étiquette socialiste, avant d'être élue députée en 2017 sous la bannière LREM. À l’Assemblée, elle se fait particulièrement remarquer des médecins, en octobre 2018, en étant à l'initiative d'un amendement controversé pour expérimenter la dispensation sous protocole par les pharmaciens de certains médicaments à prescription médicale obligatoire. Malgré une levée de boucliers des syndicats de praticiens libéraux, un article similaire sera adopté en 2019.
Anti 49-3
Trois ans plus tard, la députée milite toujours pour « la reconnaissance du rôle de conseil et de soignant des pharmaciens qui ne doivent pas uniquement avoir un rôle de distributeur de médicaments ». Tout au long de son mandat, elle aura défendu les délégation de tâches et « la montée en compétences » des officinaux, mais aussi des sages-femmes, infirmières et kinés. « Les médecins doivent déléguer tout ce qui est possible, clame-t-elle. En 2040, on sera encore en déficit de médecins, donc il faut trouver des solutions d’ici là. »
En mars 2020, elle décide de quitter la majorité présidentielle, reprochant au gouvernement l'utilisation du 49-3 sur le dossier des retraites et, plus largement, la précipitation des réformes. « LREM ne menait pas une politique de gauche, je ne suis pas arrivée à infléchir le cap à l’intérieur du groupe, donc je suis partie », assume la médecin, également signataire d'une tribune pour s’opposer au « durcissement considérable des possibilités d’accueil des demandeurs d’asile, des réfugiés et des migrants ».
Aujourd’hui, Delphine Bagarry bat la campagne sous les couleurs de la Nupes, toujours dans les Alpes de Haute-Provence, et défend « une union de la gauche pour gagner les élections ». Pour sortir de la crise hospitalière, elle prône un plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social « car ce n’est qu’en planifiant que l’on arrivera à faire les choses correctement ». La candidate défend aussi « une obligation d’installation temporaire, le temps de former les médecins dont on a besoin ». De quoi agacer encore ses confrères libéraux…
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