Après neuf ans de Patrick Bouet, la présidence de l’Ordre connaîtra du neuf. La question de savoir qui succédera au généraliste de Villemomble (Seine-Saint-Denis) dans le fauteuil de président semble taboue. Dans l’univers feutré de l’Ordre, la discrétion est de mise. « Nous sommes entrés en période de réserve électorale, les conseillers ont pour consigne de ne pas s’exprimer », nous opposait l’un deux. Après l’élection de 36 nouveaux membres, les 58 conseillers nationaux de l’Ordre se réuniront en session le 22 juin pour élire leur nouveau bureau. Sous l’égide du doyen en âge, ils se choisiront un nouveau président. En pratique, chacun d’entre eux peut se porter candidat jusqu’à la dernière minute et il est impossible de prédire aujourd’hui combien se déclareront. Une chose est sûre, cependant, deux médecins, tous deux membres du précédent bureau, le Dr François Arnault, secrétaire général, et le Dr Gilles Munier, vice-président, ont déjà annoncé lors d’un dernier conseil national leur intention de briguer la présidence. Sollicités par Le Quotidien, les deux médecins n’ont pas souhaité s’exprimer.
François Arnault, un bon connaisseur des arcanes
Ancien ORL à Châtellerault, à la retraite depuis 2017 après 35 ans d’activité, le Dr Arnault (70 ans) a eu une vie politique. Il fut maire d’Availles (Maine-et-Loire) de 2008 à 2018, fonction qu’il a quittée pour redevenir conseiller municipal. Le Dr Arnault a siégé pendant trente ans à l’Ordre des médecins de la Vienne. Il en a été le vice-président de 2002 à 2005, puis le président de 2005 à 2015, et il siège depuis 2013 au Conseil national de l’Ordre des médecins.
Le Dr François Arnault, ancien ORL à Châtellerault et secrétaire général du Cnom. Photo DR.
Au Cnom, il a été le délégué général aux relations internes, chargé notamment de la problématique des déserts médicaux en France. François Arnault est l’auteur d’un rapport intitulé « Améliorer l’offre de soins : initiatives réussies dans les territoires », rendu public début 2017. Ce document a servi de base à l’élaboration d’un « Observatoire des initiatives des territoires », qui a référencé activement jusqu’en 2019 les réponses efficaces imaginées dans toute la France contre la désertification médicale.
Le Dr Arnault a l’avantage de bien connaître les rouages de l’Ordre, affirmant de son propre aveu, dans le dernier rapport moral de l’Ordre, être tenu « d’assurer un fonctionnement fiable et harmonieux de l’institution ». « Responsable des ressources humaines et de l’organisation des services internes, le secrétaire général est également l’ordonnateur des dépenses. Je prépare et propose le budget en accord avec le trésorier. » Son ancienneté et son expérience pourraient constituer des atouts ; le secrétaire général maîtrise bien les dossiers en cours étant chargé de la rédaction et de la diffusion des comptes rendus des bureaux et des sessions.
Le Dr Gilles Munier, expert juridique
Médecin généraliste à Thierville-sur-Meuse (Meuse), le Dr Gilles Munier (65 ans) devrait aussi faire acte de candidature. Pour cela, il devra au préalable être réélu conseiller national dans le Grand Est, son poste étant soumis au renouvellement en cours.
Le Dr Gilles Munier, généraliste dans la Meuse, vice président du Cnom. Photo DR.
Très discret, le vice-président du Cnom a été chargé de conduire les réflexions associant le Conseil national aux conseils départementaux et régionaux, « afin de faire émerger une institution résolue, cohérente et homogène sur l’ensemble du territoire ». « Très pro-juridique, spécialiste de droit médical, il connaît aussi très bien les institutions », observe un collègue. Le Dr Munier représenta l’Ordre au sein du comité de contrôle et de liaison du Covid-19 créé en 2020 dans le cadre de l’urgence sanitaire et porta la parole de l’Ordre sur la protection du secret médical et des données de santé.
Si l’on en croit des conseillers bien informés, cette élection ne devrait pas donner lieu à une guerre fratricide. « Les deux hommes s’apprécient et s’entendent bien, nous confie-t-on. Ils se valent et ont tous deux des qualités, ça risque d’être serré. »
Les deux prétendants ont pris de l’avance mais une candidature surprise (voire plusieurs) n’est pas à exclure. La recomposition du conseil et la parité pourraient donner des idées aux nouveaux venus. Et personne ne peut exclure que le prochain président puisse être… une présidente.
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