Le plan de 50 milliards d’euros d’économies à réaliser dans les trois prochaines années – dont 10 milliards sur l’Assurance-maladie – est accueilli avec scepticisme par le monde de la santé. Plusieurs représentants de l’hospitalisation publique et privée, des médecins libéraux et des assureurs ont estimé le traitement inadapté aux problèmes budgétaires qui rongent la santé, lors d’un récent débat*.
« Les mesures présentées ne devraient malheureusement pas nous permettre de rebondir, car elles ne préparent pas le futur », a affirmé l’économiste de la santé Claude Le Pen. Un diagnostic partagé par le Dr Jean-François Rey, président de l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS), opposé à un nouveau « coup de rabot » sur la médecine libérale. « On a déjà donné ! », s’exclame-t-il.
Dans les établissements de santé, on s’étonne de l’ampleur de ce plan d’économies mais aussi de la méthode.
Le président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), Jean-Loup Durousset, rappelle que « les entreprises de santé sont des acteurs engagés et responsables ayant le sens de l’intérêt général ». Il en profite pour réclamer « un effort de simplification pour mieux partager les prises en charge ».
Réveil dans la douleur
Son alter ego, président de la Fédération des hôpitaux de France (FHF), Frédéric Valletoux, ne mâche pas ses mots : « C’est un réveil dans la douleur, la direction est bonne, mais l’effort me paraît insuffisant pour redresser un système asphyxié par les dépenses publiques et le poids des normes. »
Certains gisements d’économies semblent surévalués. Frédéric Valletoux considère notamment que certaines estimations de la Cour des comptes sont faites « au doigt mouillé » comme l’objectif de 5 milliards d’euros d’économies possibles en développant la chirurgie ambulatoire (un milliard d’euros est finalement attendu dans le plan d’économies, ndlr).
Les assureurs sont également circonspects. Selon Astrid Panosyan, secrétaire générale de Groupama, « le plan d’économies ne repose que sur une vision à court terme ». D’aucuns redoutent les menaces qui pèsent sur l’emploi, y compris dans la branche industrielle de la santé. « C’est tout de même la seule industrie dont on souhaite la décroissance, conclut Claude Le Pen. Et lorsque l’on a un pied sur l’accélérateur et un autre sur le frein, en général on cale ! »
* Symposium sur la médecine libérale organisé par Décision Santé
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation