Depuis l’investiture de Donald Trump en janvier 2025, les mesures de désengagement des États-Unis de ses actions historiques en faveur de la santé mondiale se multiplient. Dans ce contexte, l’Académie nationale de médecine (ANM) s’est officiellement positionnée au cours de sa séance du 11 mars et dénonce des décisions qui auront « des conséquences délétères pour les populations ».
En 2023, les États-Unis avaient contribué à hauteur de 40 % de l’aide publique au développement en santé dans le monde, soit 12,4 milliards de dollars sur les 23 au total. La décision américaine de se retirer du financement et de la gouvernance de la santé mondiale malgré son rôle majeur « marque une profonde rupture dans l’équilibre des efforts menés ». En arrêtant sa participation financière et humaine à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), c’est près de 20 % du budget de l’agence onusienne qui est amputé, sans compter le lien rompu avec les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), ce qui entrave la coordination de réponses sanitaires et la surveillance des pandémies.
Parmi les autres décisions, la première puissance mondiale a réduit le personnel et le financement de l’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid), gelé le Plan d'urgence pour la lutte contre le sida/VIH (Pepfar), réduit le financement des National Institutes of Health (NIH) et des projets associés de recherche médicale, réintroduit la « Global Gag Rule » qui empêche le financement d’organisations non gouvernementales internationales pour l’interruption volontaire de grossesse. Les États-Unis ont aussi quitté diverses organisations internationales majeures, dont l’Unesco et le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU (UNRHC).
L’Académie promeut un leadership européen pour la santé mondiale
L’ANM rappelle les conséquences de chacune de ces décisions : bouleversement des approvisionnements en médicaments et des réponses d’urgence aux crises humanitaires ; mise en péril des avancées dans la lutte contre le VIH et plus largement dans la santé sexuelle et reproductive ; suspension de recherches et de partage des données de recherche dans divers domaines médicaux, impactant à la fois le pays mais aussi les programmes collaboratifs internationaux.
Même si « ces mesures peuvent encore faire l’objet de révisions ou d’annulations, de dérogations ou de limitation dans le temps », l’Académie appelle à l’action en « maintenant un engagement collectif dans la santé mondiale, en garantissant l’accès aux soins et aux services des personnes directement affectées par l’arrêt brutal des programmes d’aides sanitaires, en exprimant une solidarité envers les chercheurs et personnels de santé concernés par ces restrictions, en renforçant les collaborations en cours et à venir ».
L’ANM invite à « repenser l’architecture et la gouvernance de la santé mondiale, en précisant notamment le rôle de l’OMS ainsi que la contribution respective des financements internationaux et des fonds domestiques ». Les académiciens veulent aussi « affirmer un leadership européen avec une position commune et proactive », dans lequel la France « devrait se donner les moyens d’y jouer un rôle majeur ». Pour l’instant, aucun gouvernement ou agence internationale ne semblent en mesure de contrer ou compenser les mesures américaines.
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