Le système français de Sécurité sociale va-t-il servir de modèle aux Suisses ? La question leur sera posée dimanche 28 septembre à travers une votation fédérale. Ils se prononceront sur la création d’une caisse d’assurance-maladie publique, en remplacement de leurs 61 assurances privées.
« En Suisse, depuis 20 ans, les coûts de la santé ont augmenté de 80 %, les cotisations de 125 %, cela ne va plus, cela doit changer », a expliqué à l’AFP Michel Matter, ophtalmologue et président de l’association des médecins genevois, qui plaide pour la fin du régime privé d’assurance santé, un système jugé non perfectible en raison du « lobby des assureurs ».
Explosion des cotisations
Pour la gauche, seule une caisse publique peut stopper cette « explosion » des cotisations et garantir leur utilisation efficace et transparente.
Les défenseurs du référendum accusent également les assureurs de mettre les citoyens mauvais payeurs sur liste noire pour inciter les médecins à ne pas les soigner. Les caisses maladie, qui selon la loi ne doivent pas réaliser de bénéfices dans l’assurance-maladie de base, sont aussi accusées d’utiliser les cotisations pour financer leurs campagnes de publicité.
Tout résidant suisse, y compris étranger, a l’obligation de s’assurer pour les soins médicaux de base. Mais chacun peut choisir sa caisse maladie parmi les 61 existantes. Les cotisations, appelées « primes », sont individuelles, indépendantes du revenu et varient en fonction de la caisse maladie, de la classe d’âge et de la région de domicile.
Les assurés peuvent obtenir des rabais sur leurs cotisations en choisissant par exemple une franchise plus élevée (les franchises allant jusqu’à 2 500 francs suisses, soit 2 065 euros) ou une limitation du choix du médecin.
Le déficit français « ne fait pas envie »
Pour le gouvernement, le Parlement et la droite, ce système de libre concurrence a fait ses preuves et n’engendre pas de dettes, contrairement à ce qui se passe en France, en Italie ou au Royaume-Uni.
L’initiative ne prévoit pas de modifier ce système d’assurance-maladie « à la carte » mais la droite craint qu’à terme les cotisations ne soient fixées en fonction des salaires, et non du lieu de domicile et de l’âge.
« En Suisse nous n’avons pas de déficit, c’est un système qui est sain. On peut effectivement dénoncer un manque de transparence de certaines caisses d’assurance-maladie, mais ce n’est pas l’étatisation des caisses maladies qui va résoudre ces problèmes », a souligné Ivan Slatkine, vice-président du Parti libéral-radical (PLR, droite). Marie Steinauer, pharmacienne à Genève, juge l’initiative « floue » et trouve que le déficit de la Sécu en France « ne fait pas envie ».
Pour la droite, l’augmentation des cotisations est inéluctable et s’explique par la hausse des coûts engendrés par le vieillissement de la population et l’utilisation de technologies plus modernes. Attachés à la libre concurrence, les Suisses étaient 54 % à rejeter la proposition soumise à référendum, selon l’institut de sondage gfs.bern. 38 % des sondés se disaient favorables, et 8 % étaient encore indécis.
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