La Fédération des établissements privés non lucratifs (FEHAP) a identifié 398 zones géographiques (cantons) où implanter en priorité un nouveau centre de santé médical ou polyvalent, dans le cadre d’un travail de recherche* inédit présenté ce mercredi à Deauville, lors du 39e congrès de la FEHAP.
Pour parvenir à ce résultat, le géographe Emmanuel Vigneron, auteur de l’étude, a établi une classification territoriale fondée sur les critères de l’INSEE (qui recense 3 735 cantons en France) et les travaux de la « Nouvelle fabrique des territoires », société de conseil spécialisée.
L’auteur a repéré (par élimination) 398 secteurs qui présentent une fragilité de l’offre sanitaire en prenant en compte le contexte socio-économique (ruralité, urbanité), sanitaire et social (niveau de surmortalité prématurée, densité de médecins généralistes) et l’éventuelle présence d’un centre de santé médical/polyvalent ou d’une maison de santé pluridisciplinaire.
La cartographie qui en résulte révèle un schisme entre le nord et le sud de la France. Les principaux cantons en mal de centres de santé (carte ci-dessous) se situent dans le Nord - Pas-de-Calais, en Picardie, en Haute-Normandie, sur les côtes nord de la Bretagne et dans la partie nord de la « diagonale du vide ».
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200 millions d’euros de financement
Selon les calculs du géographe, le coût de financement de ces 400 nouvelles structures s’élèverait à 200 millions d’euros, dont une grande partie serait à la charge des collectivités territoriales.
Conscient de la fragilité économique des centres existants, plombés notamment par le coût de la gestion du tiers payant pratiqué systématiquement, l’auteur précise que le manque d’investissement initial n’est pas le seul frein à la création de nouveaux centres. « Les coûts de fonctionnement doivent être financés à l’équilibre de telle sorte que [les centres] ne soient pas condamnés avant de vivre », s’inquiète Emmanuel Vigneron. Emboîtant le pas à l’inspection générale de l’offre de soins (IGAS), l’auteur suggère de reporter sur l’Assurance-maladie la gestion du tiers payant.
Un vivier de 1 500 médecins
Emmanuel Vigneron évalue à 1 500 le nombre de médecins (dont 1 000 généralistes) qui seraient nécessaires pour faire « tourner » ces 400 nouvelles structures, soit 2,5 équivalents temps plein par centre.
Pour trouver ce vivier médical, l’auteur recommande d’augmenter le numerus clausus, « sous réserve d’un engagement de servir pendant dix ans dans l’un de ces centres ».
À travers ce travail d’enquête, la FEHAP – dont les adhérents gèrent 400 centres – adresse un message clair à Marisol Touraine, signifié en préface. « Sur ces 400 communes ou cantons ruraux, lit-on, il serait légitime que la nouvelle dynamique annoncée de service territorial de santé au public [prévu dans le projet de loi de santé] se traduise par de nouvelles implantations, au regard des signaux socio-démographiques délivrés par ces territoires. »
* « Les centres de santé: une géographie rétro-perspective », Emmanuel Vigneron, Paris, FEHAP, novembre 2014, 248 pages. A télécharger sur le site de la FEHAP.
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