PrEP* longue durée d’action ou vaccin d’un nouveau genre ? Des chercheurs américains ont mis au point une substance protectrice contre le sida qui s'est avérée efficace pendant des mois chez des singes et pourrait déboucher sur un traitement prophylactique à effet prolongé. "Nous avons développé un inhibiteur très puissant et à large spectre" agissant sur le VIH-1, a expliqué le Pr Michael Farzan, co auteur d’une étude menée avec ce composé et publiée aujourd’hui dans la revue Nature.
Baptisé eCD4-Ig, cet inhibiteur offre une "très, très forte protection" contre le VIH. L'expérimentation conduite sur des macaques rhésus a en effet montré que cette substance, injectée en une seule fois, était capable de protéger les animaux du virus SHIV-AD8 (l’équivalent simiesque du sida) pendant au moins plusieurs mois. Pour assurer cet effet prolongé, eCD4-Ig a été associé à un virus de type adéno-associé (AAV), inoffensif mais capable de s'introduire dans les cellules et de leur faire fabriquer indéfiniment la protéine protectrice afin de créer un effet anti-sida de longue durée. Après avoir été traité avec ce cocktail, les macaques ont été soumis à des doses de plus en plus élevées de SHIV-AD8. Aucun de ces animaux n'a développé d'infection contrairement aux singes non traités avec eCD4-Ig et utilisés comme témoins. Les données publiées mercredi dans Nature montrent une protection efficace pendant au moins 34 semaines malgré des doses de SHIV quatre fois supérieures à celles ayant suffi à infecter les macaques témoins.
L'étude sera présentée lors de la grande conférence annuelle sur les rétrovirus et infections opportunistes (CROI) qui se tiendra à Seattle du 23 au 26 février. A cette occasion "nous montrerons que ces macaques continuent d'être protégés malgré des doses huit à 16 fois supérieures à la dose infectieuse, plus d'un an après leur traitement" a précisé à l'AFP le Dr Farzan. "Cette protection est bien meilleure que n'importe quelle protection décrite pour des vaccins conventionnels ou non conventionnels" estime ce chercheur qui s'attend à un effet protecteur de plusieurs années. La molécule eCD4-Ig agit en empêchant le virus du sida d'entrer dans les lymphocytes CD4 pour s'y multiplier. Elle agit en neutralisant deux récepteurs du VIH nécessaires au virus pour entrer dans les cellules. Ce double mode d'action assure à ce produit une efficacité inhibitrice plus grande contre les différents types de virus du sida même ceux connus pour être "difficiles à neutraliser", assure le Pr Farzan.
Aussi, le chercheur estime que le produit pourrait offrir une protection plus universelle par rapport à des vaccins conventionnels qui stimulent la production d'anticorps spécifiques. Par rapport à la Preep, la stratégie poursuivie par l'équipe du Pr Farzan aurait l'avantage d'offrir une protection durable contre le sida sans l'obligation de prises régulières d'antirétroviraux et sans leurs effets secondaires. Une bonne nouvelle, alors qu’une équipe cubaine vient d’identifier une souche de VIH mutante particulièrement virulente. Selon les chercheurs, cette souche pourrait entrainer une évolution vers le stade SIDA en moins de ans contre six à 10 ans pour les souches classiques.
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