Une semaine après que l’ANSM a confirmé que le vaccin d’AstraZeneca est bien associé à un risque « très rare » de thromboses graves et atypiques, c’est désormais à un membre de l’Agence européenne des médicaments (EMA) d’admettre un lien entre ce vaccin et des accidents thromboemboliques survenus en Europe après son administration. Et ce de façon peu protocolaire.
C’est dans le cadre d’une interview au quotidien italien Il Messaggero que Marco Cavaleri, responsable de la stratégie sur les vaccins à l’EMA, a en effet jugé « claire » l’association entre vaccin et cas de thromboembolies de localisations rares accompagnées de thrombopénie. « Parmi les vaccinés, il y a un nombre de cas de thrombose cérébrale avec déficit plaquettaire chez les jeunes supérieur à ce à quoi on pourrait s’attendre. Nous devons le dire », a-t-il affirmé.
Loin de soutenir ces déclarations, l’EMA souligne, elle, que l’évaluation du risque thromboembolique potentiellement associé au vaccin d’AstraZeneca est encore en cours. Le comité de sécurité de l’agence « n’a pas encore abouti à une conclusion », aurait-elle insisté dans un communiqué transmis à l’AFP suite à la parution de l’article d’Il Messaggero. De fait, l’EMA devait se réunir à ce sujet cette semaine pour rendre une décision dès mercredi ou jeudi. D’après Marco Cavaleri, si les discussions doivent surtout porter sur la compréhension du phénomène (à dresser « un tableau précis de ce qui se passe », « à définir de manière précise ce syndrome précis dû au vaccin », etc.), « nous n’arriverons pas à indiquer de limites d’âge comme l’ont fait divers pays », faute de données.
7 morts au Royaume-Uni
Quoi qu’il en soit, les arguments en faveur d’une association entre vaccin d’AstraZeneca et cas de thrombo-embolies atypiques et graves continuent de s’accumuler.
Ainsi de premiers décès ont-ils été identifiés ce week-end au Royaume-Uni, qui semblait jusqu’à présent épargné par ce genre d’accidents... alors que ce vaccin a commencé à être utilisé Outre-Manche début janvier. D’après l’agence britannique du médicament (MHRA), 7 personnes auraient en effet trouvé la mort après avoir reçu le vaccin, sur un total de 30 cas – 22 thromboses veineuses cérébrales et 8 thromboses autres associées à une thrombopénie – enregistrés jusqu’au 24 mars. Aucun effet indésirable similaire n’aurait par ailleurs été déclaré après administration du vaccin de Pfizer/BioNTech.
Si la MHRA assure poursuivre un « examen approfondi [de] ces signalements », elle se veut cependant rassurante. « Les avantages du vaccin AstraZeneca pour prévenir l’infection au Covid-19 et ses complications continuent d’être largement supérieurs aux risques et le public devrait continuer à recevoir le vaccin quand il y est invité », juge-t-elle, rappelant que plus de 18 millions de doses du vaccin d’AstraZeneca ont été administrées Outre-Manche.
Un total de 4 décès en France
En France, le bilan continue de s’alourdir. D’après le dernier point de situation de l’ANSM sur la surveillance des vaccins, 3 nouveaux cas de « thromboses de grosses veines de localisations atypiques associés à une thrombopénie ou à des troubles de la coagulation » ont été détectés depuis le précédent rapport de l’agence. De nouveaux accidents qui confirment une plus grande susceptibilité des moins de 55 ans sans antécédents particuliers (au total, seuls 3 cas ont concerné des personnes plus âgées), et qui surviennent dans un délai médian de 9 jours après administration du vaccin, majoritairement chez des femmes. Ainsi 12 cas de ce genre de troubles thromboemboliques, dont 4 mortels ont-ils été déclarés en France depuis l’arrivée du vaccin d’AstraZeneca sur le territoire.
Dans ce contexte, l’ANSM « confirme à nouveau la survenue, très rare, de ce risque thrombotique pouvant être associé à une thrombopénie ou à des troubles de coagulation chez les personnes vaccinées par le vaccin AstraZeneca ».
(Avec AFP)
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