Une fois encore, les autorités sanitaires françaises alertent quant aux risques liés à l’usage détourné du protoxyde d’azote, alors que de nouvelles données pointent une « très nette augmentation des cas d’intoxication chez un public jeune ». En 2020, 134 cas ont été rapportés aux centres antipoison (CAPTV), contre 46 en 2019, et 254 signalements ont été enregistrés auprès des centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance - addictovigilance (CEIP-A) contre 47 en 2019, indiquent l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans un communiqué.
Outre des dangers immédiats (asphyxie par manque d'oxygène, perte de connaissance, brûlure par le froid du gaz expulsé de la cartouche, perte du réflexe de toux, désorientation, vertiges et risque de chute), l’usage détourné du protoxyde d’azote expose à des risques parfois graves en cas d'utilisation régulière et/ou à forte dose. « Du fait de l’action du gaz sur le système nerveux central, des consommations répétées, à intervalles rapprochés, peuvent entraîner des effets secondaires comme des maux de tête, des vertiges, mais aussi des effets plus graves comme des troubles du rythme cardiaque, un risque d’asphyxie, des troubles psychiques et des atteintes neurologiques », résume le communiqué.
Une augmentation des atteintes neurologiques
Les données de vigilance recueillies par les CAPTV et les CEIP-A permettent de mieux cerner la nature des effets observés. Elles pointent une augmentation des cas d’atteintes neurologiques parfois graves, à type de sclérose combinée de la moelle, myélopathie avec paresthésies, troubles de la marche et de l’équilibre, convulsions, tremblements (69,2 % des notifications rapportées aux CEIP-A en 2020 versus 59,6 % en 2018/2019 et 76,2 % des effets rapportés aux CAP en 2020 versus 71,2 % entre 2017-2019) .
Des troubles psychiatriques tels qu’attaque de panique, délire, confusion, amnésie, agitation, irritabilité, insomnie, etc. sont également fréquents (34,9 % des notifications rapportées aux CEIP-A). Également recensés à plusieurs reprises : des effets cardiaques tels que tachycardie, HTA, bradycardie ou douleurs thoraciques (8,4 % des notifications des CEIP-A). « Quelques accidents de la voie publique, parfois graves, ont également été rapportés ».
Davantage de consommations régulières
Les données 2020 confirment par ailleurs certaines tendances inquiétantes observées depuis 2017. Avec notamment une hausse de la proportion de mineurs exposés (20 % des cas rapportés aux CAP en 2020, contre 13,6 % en 2019 ; 13,4 % des cas notifiés aux CEIP-A en 2020 versus 8,5 % en 2018/2019) et une part de plus en plus importante de consommations régulières avec pharmacodépendance.
Autre motif d’inquiétude : si les quantités consommées sont très variables, l’étude de 2020 révèle une hausse de la consommation via des bonbonnes, qui peuvent contenir l’équivalent d’une centaine de cartouches (3 % des cas rapportés aux CAP en 2019 contre 20 % en 2020 ; près d’un tiers des cas notifiés aux CEIP-A en 2020).
Un constat « alarmant » estiment les deux agences qui soulignent la sous-estimation du risque qui persiste chez les consommateurs.
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