Presque trois ans après l’apparition du SARS-CoV-2, faut-il normaliser la gestion du Covid et le considérer comme une infection saisonnière comme les autres ? Saisi sur cette question par le gouvernement, le Covars (Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires) vient de rendre un avis qui tend à répondre plutôt par la négative.
Des signaux encourageants…
Dans un premier temps, le nouveau comité dresse pourtant un tableau plutôt rassurant de la situation actuelle, avec une vague épidémique « d’intensité modérée due au même variant que celui de la 7e vague » et « de gravité amortie par l’immunité collective acquise par les vaccinations et les expositions antérieures au virus ».
De plus, l’analyse des taux de croissance des différents indicateurs épidémiologiques suggère que l’on pourrait être « très proche du pic épidémique », énonce l’avis.
Et globalement, « en l'absence d'apparition d’un nouveau variant d’échappement immunitaire, les travaux de modélisation à moyen terme concernant l’impact de cette nouvelle vague sur le système de santé sont plutôt rassurants ».
… menacés par le variant BQ.1.1
Cependant, « ces signaux encourageants doivent être tempérés car l’analyse préliminaire des données Emergen suggère une croissance rapide du variant BQ.1.1 sur le territoire national », nuance le Covars. Selon les données de la dernière enquête Flash, ce sous-lignage de BA.5 représentait en semaine 40, 15 % des virus détectés en France métropolitaine (et jusqu’à presque 50 % en île de France) contre respectivement 2 % et 7 % en semaines 38 et 39).
Si le niveau d’échappement immunitaire de BQ.1.1 est incertain, « de toutes premières données (preprint de Cao et al) montrent un important échappement immunitaire de B.2.75.2 et de BQ.1.1 à l’activité neutralisante des anticorps de sujets ayant fait des infections récentes aux variants BA.2 et BA.5 ainsi que de sujets ayant reçu 3 injections du vaccin inactivé Coronavac (pas de données pour le moment avec les vaccins à ARNm) et à l’ensemble des anticorps monoclonaux thérapeutiques (notamment Evusheld et bebtelovimab) ».
Et s’il n’est pas encore observé d’impact clinique significatif lors d’une infection par ces virus, « cela devra être surveillé ».
Pour le Covars, ces incertitudes sur l’évolution des variants, et la persistance d'une circulation importante du Sars-CoV-2, « dans un contexte saisonnier où le fardeau des infections hivernales pèse davantage sur un système de soins fragilisé », ne permettent pas « d’envisager à court terme l’intégration de la COVID-19 dans une gestion banalisée des risques sanitaires liés aux infections saisonnières ».
Prévenir, dépister, traiter et impliquer
Au contraire, les experts défendent « une politique très soutenue de prévention intensive des risques », et formulent plusieurs recommandations déclinées autour de quatre mots d’ordre : prévenir, dépister, traiter et impliquer.
En matière de prévention, l’avis appelle notamment à « amplifier, accélérer la campagne de vaccination sur tout le territoire national » et plaide pour que la communication sur le port des masques soit « renforcée, incitative, simple, claire et répétée ». Quatre méta-analyses ont résumé les résultats des études quantifiant l’impact du masque sur la transmission des maladies respiratoires en communauté. Elles concluent que l’utilisation du masque chirurgical est associée à une diminution du risque d’infection de 4 % à 15 %, selon les études.
Côté dépistage, le Covars appelle à ne pas lever le pied et à maintenir la promotion des tests antigéniques et autotests et un accès facile aux tests PCR pour la surveillance moléculaire des virus circulants « qui, seule, permet de suivre en temps réel l’évolution des variants ».
En matière de traitement, l’accent est mis sur le Paxlovid qui « garde son activité sur les variants actuels du SARS-COV2 ». Le comité entend « amplifier son usage (…) en levant les réticences à son utilisation, en clarifiant la démarche dans les situations à risque d’interactions médicamenteuses, et en facilitant les prescriptions, notamment grâce à la prescription anticipée conditionnelle pour les patients à risque ». L’accès à ce traitement est déjà, en théorie, facilité par un circuit ambulatoire de "droit commun", avec une prescription par le médecin traitant et une dispensation par le pharmacien d’officine. « Cependant, le niveau des prescriptions en France, bien qu’un des plus élevés d’Europe, reste insuffisant », regrette le comité.
Enfin, le Covars recommande « d’associer et consulter les instances de la démocratie sanitaire (Conférences Nationale et Régionales de Santé notamment) pour assurer, à moyen et long terme, les politiques de gestion du Covid-19 ».
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