À la veille de la Journée mondiale contre l’obésité, prévue ce 4 mars, la Haute Autorité de santé (HAS) vient de publier un guide avec 10 messages clés pour « optimiser le parcours de soins de l'enfant et de l'adolescent en situation de surpoids ou d'obésité ».
Dépistage précoce
Comme le rappelle le document, le repérage précoce du surpoids et de l'obésité constitue le point de départ du parcours de l'enfant et de l'adolescent. À ce titre, la HAS préconise de « mesurer l’IMC tout au long de l’enfance et de l’adolescence (et d’analyser la dynamique de la courbe de croissance) pour dépister et diagnostiquer précocement un surpoids ou une obésité ».
Ce suivi de la corpulence est recommandé dès la naissance au rythme des examens obligatoires de santé pendant la petite enfance. Après l’âge de 6 ans, un suivi annuel est préconisé.
En cas de repérage de signes d’alerte (ascension continue de la courbe de corpulence depuis la naissance, rebond d’adiposité précoce, changement rapide de couloir de la courbe de corpulence vers le haut, obésité précoce et sévère), un suivi plus fréquent est nécessaire.
Aller au-delà de la mesure de l'IMC
En cas de surpoids ou d’obésité, « il est essentiel d’aller au-delà de la mesure de l’IMC pour identifier les problématiques, les besoins et les attentes de l’enfant, de l’adolescent(e) et de ses parents, et y répondre » indique la HAS qui appelle à promouvoir une évaluation multidimensionnelle dès le diagnostic.
L’objectif est de pouvoir repérer et accompagner d’éventuels facteurs favorisants ou interférants : déséquilibres de l’alimentation, comportements sédentaires ou troubles du comportement alimentaire, difficultés psychologiques ou troubles psychiques, vulnérabilité sociale, situation à risque de danger pour l’enfant (carence éducative, négligence, maltraitance sur le plan physique, psychologique ou sexuel) ou encore éventuelles difficultés en milieu scolaire (décrochage, harcèlement).
Pas de bilan sanguin systématique
La prescription d’examens biologiques doit être réalisée « de manière ciblée ». Dans une situation de surpoids sans signe clinique évocateur de complication, aucun bilan sanguin n’est nécessaire. « Les enfants en situation de surpoids n’ont notamment pas de risque augmenté de diabète », précise la HAS.
Dans une situation d’obésité (IMC > 30) un bilan biologique est à réaliser sans urgence, à la recherche notamment d’une anomalie du bilan hépatique (ASAT, ALAT), d’une dyslipidémie en cas d’antécédents familiaux ou encore d’une insulinorésistance, d’une intolérance au glucose, ou d’un diabète de type 2 en cas d’antécédents familiaux aux 1er et 2e degrés.
Pas de perte de poids intempestive
Si la prise en charge doit être « graduée et modulées selon la complexité de la situation », la HAS invite à mettre en œuvre des soins et un accompagnement dès le diagnostic. Le guide met l’accent sur l’éducation thérapeutique (en individuel et/ou en groupe) à proposer à l’enfant (ou aux parents si l’enfant est jeune) pour accompagner les changements progressifs des habitudes de vie et la création d’un environnement favorable à ces changements. « Quelle que soit la corpulence, promouvoir la santé et le bien-être en accompagnant progressivement les changements des habitudes de vie est primordial », insiste la HAS.
Sauf en cas de complications, la perte de poids n’est pas un objectif prioritaire. Chez l’enfant en cours de croissance, l’objectif est plutôt de ralentir la prise de poids (infléchissement de la courbe de corpulence) tandis que la croissance se poursuit. Chez l’adolescent en fin de croissance, le but est de stabiliser le poids.
Cependant, en cas de complications sévères, « une perte de poids, même faible, apporte un bénéfice », indique la HAS. Elle doit être très progressive et la reprise de poids doit être prévenue ainsi que le phénomène de Yo-Yo.
Dans les situations complexes, le guide évoque la possibilité de « compléter si besoin la prise en charge par un séjour en soins de suite et de réadaptation ».
Par ailleurs, tout un chapitre est consacré aux spécificités de la prise en charge des jeunes patients en surpoids ou obèses en situation de handicap.
Enfin, la HAS appelle à « assurer la continuité du parcours de soins » en préparant la transition vers l’âge adulte « dès le début de l’adolescence » et encourage à « favoriser l’engagement des associations d’usagers ».
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