À Hong Kong, lors du congrès de l’International Society for Stem Cell Research, des chercheurs chinois de l’Institut de biomédecine et de santé de Guangzhou (Chine) ont révélé avoir réussi à cultiver pour la première fois des cœurs contenant des cellules humaines dans des embryons de cochon. Les chimères se sont développées pendant 21 jours, au cours desquels leur cœur a commencé à battre. Pour l’équipe, l’objectif de ces recherches serait de pouvoir, un jour, élever des animaux dotés d’organes humains qui pourront être transplantés chez des humains. Ces résultats ne sont, à ce jour, pas publiés dans une revue avec révision par les pairs.
En 2019 déjà, cette même équipe avait publié dans Cell Stem Cell leurs travaux relatant la culture réussie de mésonéphros (stade intermédiaire du développement embryonnaire de l'appareil rénal) humanisé dans des embryons de porc. Les embryons s’étaient développés jusqu’à 25 à 28 jours et parmi eux, cinq avaient un rein développé et le début d’un urètre. Cependant, les chercheurs avaient constaté la migration de cellules humaines hors du rein. Le chercheur Inserm Pierre Savatier, dans un entretien accordé au Quotidien, avait estimé que ces travaux représentaient une première preuve de concept de « la capacité des cellules humaines à développer un semblant d'organe dans une espèce animale hôte ».
En France, la loi de bioéthique de 2021 autorise l’adjonction de cellules humaines dans un embryon animal. Cependant, Pierre Savatier jugeait, en 2019, que « transférer des embryons chimères dans l'utérus d'une femme animale soulève des questions éthiques sensibles. (...) La fabrication d'organe en vue de la transplantation relève encore de la science-fiction ».
Des cellules souches humaines modifiées pour survivre
Pour créer les chimères, les chercheurs sont passés par la même méthode que celle utilisée pour le mésonéphros. Ainsi ils ont tout d’abord modifié génétiquement les embryons afin d’ôter, grâce à la technologie Cripsr-Cas9, deux gènes porcins essentiels au développement du cœur. Ils ont ainsi créé une « niche » qu’ils ont comblée avec des cellules souches humaines, elles aussi modifiées pour pouvoir survivre et se multiplier. Cette intervention a eu lieu durant le stade morula du développement embryonnaire. Les embryons ont ensuite été implantés chez des truies porteuses. À 21 jours de développement, les cœurs des embryons avaient la taille d’un cœur humain à ce stade de développement et battaient. Les chercheurs estiment « qu’il est possible que les cellules humaines aient perturbé le fonctionnement du cœur des cochons ».
Les scientifiques ont bien confirmé la présence – grâce à un biomarqueur luminescent – de cellules humaines dans le cœur, mais n’ont cependant pas précisé quelle proportion du cœur était constituée de cellules humaines. Dans leurs précédents travaux sur le rein, les organes étaient composés à 40-60 % de tissus rénaux humains.
L’injection de cellules humaines dans le liquide amniotique, une autre technique en test
Durant le congrès de Hong Kong, une autre équipe – cette fois issue du MD Anderson Cancer Center (Texas) et de l’Institut Terasaki – a présenté d’autres travaux sur les chimères. Les chercheurs ont injecté dans le liquide amniotique d’une souris gestante des cellules humaines. L’analyse des bébés souris, un mois après leur naissance, a révélé que leurs organes – intestin, foie, cerveau – contenaient des cellules humaines. Ces dernières semblaient même fonctionner selon les scientifiques qui rapportent une production d’albumine par les cellules hépatiques.
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